Dans le doute, le meilleur réflexe est de ne pas liker ni partager…
Je m’explique
Vous apercevez sur cette publication dans votre flux Linkedin.
Ce qu’elle raconte semble tomber sous le sens… et elle vous rassure sur votre façon de manger.
Ça vous permet aussi de gronder votre enfant qui mange trop de cochonneries, en lui expliquant qu’il s’abîme la santé.
Alors vous likez et republiez .
Puis vous en parlez au dîner.
Surtout que cette publication s’appuie sur une étude de l’université de Michigan !
Pourtant, vous êtes tombé·e dans un biais de confirmation.
En effet, cette étude a été très décriée par la communauté scientifique : elle est partielle, réductrice et très approximative.
Autant de mots pour dire « inutilisable » et à la limite du mensonge.
Ce sont des raccourcis qui peuvent être dangereux.
Par exemple, les amandes sont bien des aliments plutôt « bons pour la santé ». Mais en manger des quantités excessives n’est pas non plus recommandé.
Alors, quand vous trouvez une publication qui présente des chiffres choquants, qui partage une histoire (trop) inspirante, qui renforce vos convictions…
Faites attention !
Les auteurs jouent sur nos biais cognitifs avec le langage émotionnel, l’alarmisme, la fausse dichotomie ou du cherry picking (+ d’infos sur ces techniques de manipulation ici : LinkedIn) pour faire tomber toutes les barrières de notre esprit critique.
Alors, quand on n’a pas le temps de vérifier, on évite de liker et partager (car on participe à la désinformation en mésinformant).
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur le sujet, je vous recommande :
Tu veux dire qu’il faut faire gaffe aux vidéos youtube au titre putaclic, par exemple ?
Au sujet de Larchevêque, vu ton rôle chez Cayas, tu le sais sûrement mieux que la plupart des gens : jouer sur les émotions (et la peur en particulier), ça fait vendre.
Eheh, il y a 50 nuances de putaclic, voire plus même. Certaines sont légitimes, d’autres moins. Ce n’est pas une science exacte.
Oui, c’est une méthode efficace pour faire parler de soi et vendre. Mais il y a aussi des limites éthiques que l’on peut et que l’on doit s’imposer.
C’est le cas pour le marketing dit « éthique », mais il existe des mouvements similaires dans le design et l’UX, en réaction aux dark patterns classiques (boutons désabonnement cachés ou ambigus, jouer sur le fomo avec de la pénurie artificielle, etc…). C’est une question de positionnement et de valeurs. Ce qui est complexe avec ces sujets c’est que tout n’est pas systématiquement blanc ou noir.
Dans le cas cité, l’alarmisme utilisé n’est même pas fondé sur des éléments réels. Exemple : parler d’inflation persistante en France alors que l’inflation est retombée à 1,2%. On tombe clairement dans la désinformation pour vendre. De mon point de vue, une ligne rouge est franchie ici.
Je viens de tomber là-dessus via une reco YT, un chef d’oeuvre
On y apprend du Directeur Europe (Markets Group Lead dixit LinkedIn) de TR notamment que :
Il y a une explosion des loyers dans les (grandes) villes en France
Avec 50€ par mois de côté on arrive « assez rapidement » à 3 à 6 mois de revenus.
2% de + par an, c’est 100% de + au bout de 21 ans
Sauf que :
Les loyers sont encadrés dans les grandes villes
Avec 50€/mois et un rendement de 1.7%/an, et si on prend un revenu de 2000€ (médiane FR), il faut… 10 ans pour constituer une épargne de précaution de 3 mois de revenus (~17 ans pour 6 mois).
J’aurais imaginé qu’un gars qui fait ce métier connaîtrait la règle des 72. À 2%/an, il faut 72/2 = 36 ans pour doubler son capital. Soit « juste » 15 ans de plus qu’annoncé.
Bon en vrai j’imagine qu’il sait très bien tout ça, et qu’il a surtout un bouquin à vendre.
Mais pourquoi mentir effrontément comme ça ? Je veux dire… En prenant les vrais chiffres ça impacterait vraiment le discours ?