Après le PEA ? Le CTO face à l’incertitude fiscale

C’est faire abstraction de l’héritage, qui est de loin la façon la plus efficace de s’enrichir.
Ou des profils (plus rares) qui n’ont pas d’immobilier et qui ont des salaires confortables, sans aller taper une TMI à 41% (qui concerne 1% des revenus les plus élevés de mémoire).

Yes, la TMI à 41% concerne 1,1% des foyers français, soit 436 000 foyers.

@vincent.p tu n’avais pas un avis nuancé sur le PER ? Un peu comme AV vs CTO, que les frais associés au PER finissaient par manger l’éventuel avantage du différé fiscal ?

J’avais juste fait quelques simulations de coindetable© qui ne m’avaient pas emballé outre mesure. Je n’ai pas assez creusé cette enveloppe pour évaluer finement les situations où elle est pertinente.

Le point qui me rebute sur le PER, c’est l’illiquidité (hors gros coups durs).

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SI on ne retire jamais l’argent du PER, il n’y a même pas de différé fiscal car ça passe directement en succession. Une stratégie à la marge pourrait être de placer le minimum sur le PER pour bénéficier des 4 637 € d’avantage fiscal annuel et de laisser les héritiers récolter les fruits. Ça sous entend bien sûr qu’on a assez de liquidités par ailleurs.

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Pour le PER il en existe deux types, le PER assurance et le PER compte titres. Aujourd’hui le seul PER compte titre gestion libre existant est celui du Crédit Agricole.

En buy & hold, le PER du Crédit Agricole devient plus intéressant au dessus de 70000€ car ses frais de gestion sont plafonnés mais il faut négocier l’absence de frais de versement. Un passage d’ordre sur les marchés étrangers (auquel appartient le MSCI World) coûte 0.8%, ça pique très fort, ce qui rend cette enveloppe inutilisable en arbitrages.

Autrement les PER assurance de Linxea Spirit & Lucya Cardif sont comme en assurance vie françaises, les meilleurs en offre frais/supports (0.50%), tu peux arbitrer pour 0.1%, il me semble que Lucya Cardif rend les arbitrages gratuits au bout de 5 ans.

Je vois le PER comme un effet de levier sur ses impôts, chaque année je verse le maximum déductible et j’obtiens 45% de crédit d’impots, ça n’a aucun intérêt d’aller au delà du plafond déductible. Ces 45% que tu aurais perdu capitalisent pour toi.

En soit, le PER retrouve beaucoup le principe Cayas sur le capital humain, qui va à terme baisser là où le PER prendra le relais.

Les cas de déblocages sont restrictifs mais il faut voir ceci comme une poche de secours où par exemple, après l’expiration de tes droits au chômage il est entièrement défiscalisé.
Il est toutefois possible de débloquer le PER dans le cas de l’achat de la résidence principale avec un abattement à vérifier.

On peut transférer un PER au bout de 5 ans gratuitement, avant c’est 1% de frais.

En dessous des 5 ans il faut selon moi aller vers Lucya Cardif/Linxea Spirit puis au delà selon les conditions suivantes réunies: les encours dépassent 70000€ et on ne fait aucun arbitrage: transférer gratuitement vers le Crédit Agricole, d’ici là j’espère que IBKR aura sorti le sien :wink:

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Oui dans les cas des PER assurance

S’il s’agit d’un plan qui a donné lieu à l’adhésion à un contrat d’assurance de groupe, les sommes épargnées et transmises sont taxées selon des règles proches de l’assurance vie. La situation varie suivant que le décès du titulaire du PER est intervenu avant ou après 70 ans.

PER CTO

S’il s’agit d’un plan ouvert sous la forme d’un compte titres, les sommes épargnées et transmises sont intégrées dans l’actif successoral et taxées selon la fiscalité des successions.

Déblocages anticipés:

  • Invalidité (vous, vos enfants, votre époux ou épouse ou votre partenaire de Pacs)
  • Décès de votre époux ou épouse ou de votre partenaire de Pacs
  • Expiration de vos droits aux allocations chômage
  • Surendettement (dans ce cas, c’est la commission de surendettement qui doit faire la demande)
  • Cessation d’activité non salariée à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire
  • Acquisition de la résidence principale (mais dans ce cas les droits issus de versements obligatoires restent bloqués).

Le mode d’imposition du capital issu du déblocage anticipé dépend du motif du déblocage.

Si le déblocage est fondé sur un motif autre que celui de la résidence principale, la part du capital débloqué correspondant aux versements est exonérée d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.

La part du capital débloqué correspondant aux gains est soumise aux prélèvements sociaux.

Si le déblocage est motivé par l’achat de la résidence principale, la situation varie selon que vous avez déduit fiscalement les versements effectués sur le PER.

Si vous avez déduit fiscalement les versements, la part du capital débloqué correspondant aux versements est imposée à l’impôt sur le revenu sans abattement de 10 %, mais exonérée de prélèvements sociaux.

La part du capital débloqué correspondant aux gains est imposée au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %.

Source

Bonjour,

Je suis preneur de mieux comprendre la modélisation ci-dessus. J’avais fait des modélisations de mon côté et il me semble que dès que la rotation annuelle du portefeuille dépassait un certain seuil (disons 10%), le frottement fiscal faisait tellement mal qu’il justifiait les frais de l’AV assez rapidement.

Plus spécifiquement :

∑n = Kn+PVn Total Capital
r Rendement
τ Impot
δ taux de rotation
f brokerage fee

En supposant des rebalance en début de période, on a :
PVn+1 = r∑n + PVn - δPVn - δf∑n
Kn+1 = Kn + δ(1-τ)PVn

Donc :
∑n+1 = ∑n (1+r) - δτPVn - δf∑n
(croissance - frottement fiscal - frottement courtage)
Et le frottement lié au courtage est en réalité très faible donc on peut le négliger
Reste le frotement fiscal qui s’inpute à chaque période et qui fait mal dans la durée dès que δ grossit un peu et que la PV augmente au sein de l’enveloppe

Preneur de vos avis si je rate qqc

Je veux bien partager avec toi mes hypothèses pour vérifier que je n’ai pas fait d’erreur, est-ce que ça te va en MP ?

Il faudrait également inclure des variations selon les différents avantages fiscaux, sans oublier qu’il vaut peut-être mieux payer des impôts sur plus values régulièrement en lieu et place et fees: ça fait ça de moins dans une éventuelle sortie.

Parfait merci bcp

Tu oublies un facteur important dans ta simulation : les apports ou retraits sur le portefeuille. Ils permettent de gérer une partie des rééquilibrages sans friction fiscale supplémentaire.

Dans une moindre mesure, la compensation des moins-values peut aussi améliorer la situation. Lorsqu’on a de grosses plus-values latentes, ce facteur devient peu important.

Toutefois, ce qui manque le plus dans ton approche, c’est qu’avant de rééquilibrer, il faut évaluer si c’est pertinent. Un portefeuille en CTO qui devient plus risqué car on ne le rééquilibre pas totalement, cela peut être préférable à un portefeuille en CTO rééquilibré ET à un portefeuille rééquilibré en AV.

Il faut intégrer une dimension risque à la comparaison en procédant avec cette bonne vieille Utilité(*). Long story short, le meilleur move en termes d’Utilité est de ne rééquilibrer que grâce aux apports ou aux retraits, sauf lorsque les espérances de rendement des actifs changent fortement. Par exemple après un gros krach actions, lorsque les bénéfices des entreprises se redressent (ou n’ont guère baissé par rapport au prix) et que les valorisations ont baissé.

Les challengers que tu dois comparer, c’est un CTO peu rééquilibré et une AV. :slightly_smiling_face:

Il y a trois autres façons élégantes de rééquilibrer hors AV un portefeuille sans déclencher de taxation :

  • ajouter du levier pour rééquilibrer quand la valeur du portefeuille a monté.
  • prendre une position short (50 k€ en trop d’actions en ETF World ? Tu vends un contrat de futures MSCI World, qui va en plus te permettre d’accumuler des moins-values latentes)
  • vendre un bout d’actions en PEA si tu es au-dessus de la volatilité idéale. Ce n’est pas exactement du rééquilibrage, mais comme la plupart des portefeuilles sont dominés par le risque action, dérisquer est une alternative acceptable.

(*) Rappel : optimiser l’Utilité avec une aversion au risque faible (gamma = 1) c’est la même chose qu’optimiser le rendement composé.

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Je pense que ma simulation est très naïve, elle l’est d’autant plus qu’à comparer des enveloppes, il y a les avantages fiscaux et de transmission qu’on pourrait également intégrer pour rajouter encore à l’entropie de cette comparaison.

Contrairement au PEA, le match peut-être serré, on voit bien que pour départager chaque enveloppe il existe des possibilités mais elles nécessitent du temps et des connaissances additionnelles, que certaines personnes seraient prêtes à laisser tomber pour une espérance de rendement moindre et pencher pour l’assurance vie.

Tout à fait d’accord : ces considérations n’ont réellement d’importance que pour ceux qui ont un bon pactole à allouer et qui sont prêts à se prendre la tête.

Surtout si on utilise l’AV pour ce qu’elle fait bien : des stratégies d’allocation très dynamiques pour diversifier un portefeuille plus statique en PEA (+ CTO à partir d’un certain patrimoine).

Erratum : ma formule ci-dessus est un peu fausse, j’irai éditer le post.

Cela étant ça ne change que très peu mes simulations qui montrent que dès que le taux de rotation augmente un peu (10% même), la taxation des PV rend l’assurance vie compétitive vs. le CTO.

Sur le rééquilibrage, on peut avoir recours à des taux de rotation qui sont quand même au dessus de 20% si on a une stratégie un peu active, que ce soit pour faire du stock picking ou même du factor investing demandant un rééquilibrage régulier. Et effectivement après un krach de marché on peut aussi avoir envie de rééquilibrer.

Après si on envisage zéro rééquilibrage, alors évidemment le CTO reste plus favorable, mais c’est une hypothèse forte.

Et je ne prends pas en compte les abattements en sortie d’enveloppe, qui rendent l’AV encore plus favorable.

Sur le PEA, je ne suis pas certain de comprendre vos points. Pour le coup il me semble cumuler tous les avantages (si on met de côté les aspects successoraux qui tombent en dehors du périmètre de ma comparaison). Et par conséquent, je ne comprends pas pourquoi vous dites qu’il vaut mieux le cantonner à une stratégie “statique” ?

Merci !

Oui, il faudra que je modélise ça proprement un de ces jours : comme je mets une stratégie à plus de 100% de taux de rotation en AV, je ne me suis pas posé beaucoup de questions. Les conditions où le CTO perd pied face à l’AV dépendent de l’intensité et de la durée d’épargne, des corrélations entre actifs, de la politique de rééquilibrage… Problème bien complexe !

Pour le PEA, on peut faire du très dynamique, oui. Je pensais à une stratégie assez statique repartie entre PEA et CTO en raison de mon biais ETF : t’as pas des milliards de supports entre lesquels tourner en PEA. Une stratégie momentum sur titres vifs en PEA aurait probablement du sens, mais ça demande plus de taf’ !