Nvidia, bulle ou cash machine pérenne à la Apple?

Ces graphes postés par @Eudes me semblent intéressants pour illustrer la nature de la hype actuelle autour de l’IA.

Oui, il y a une entreprise qui gagne énormément d’argent avec la déferlante LLM. Nvidia est dans une position historiquement assez unique d’être le seul fournisseur de pelles et de pioches dans cette ruée vers l’or. Pour retrouver trace d’un tel monopole, il faut probablement remonter à la Standard Oil de Rockefeller (qui avait pris le contrôle du transport de pétrole par des méthodes mafieuses).

Est-ce que ça justifie sa valorisation de 4.3T$ ? Autrement dit quid de ses bénéfices futurs ? Soutenabilité de sa croissance et de ses marges ?

Concernant ses marges gargantuesques, elles ne sont possibles que parce qu’elle dispose d’un avantage technologique sur ses concurrents (AMD, Intel, etc.) et que la demande est plus forte que l’offre. Comme on l’a vu avec la chute récente d’Intel sur le marché des CPUs, rien n’est jamais acquis dans ce domaine.

Plus important me semble l’avenir de la demande du marché pour ces fameuses cartes de calcul massivement parallèle. Les LLMs sont incroyablement gourmands en calcul, ce qui fait qu’ils sont très couteux à opérer.

Se pose donc la question de la rentabilité de leur usage. Jusqu’ici, la fascination pour les promesses mirobolantes d’une IA remplaçant les travailleurs a attiré massivement les entreprises, mais est-ce que ces promesses seront tenues ? Si ce n’est pas le cas (et il semble que les cas d’usage s’évaporent au fur et à mesure que des expérimentations sont menées dans le monde réel), alors les ventes et les marges d’Nvidia pourraient bien plonger spectaculairement.

On peut aussi imaginer voir apparaitre des modèles beaucoup moins couteux à opérer.

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Aucune idée :man_shrugging:

Je me contente d’observer avec un paquet de :popcorn: et de ne pas parier sur ce sujet :grin:

Mon allocation me permettrait d’encaisser un drawdown significatif en cas d’éclatement de bulle sur les indices actions.

Comme Nicolas, je n’en sais rien, et c’est pour ça que je ne prends uniquement que des ETFs en actions: je n’ai pas la prétention de savoir ce qui va marcher ou pas, je ne veux pas non plus hedger des sociétés, donc autant acheter le marché. :slight_smile:

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En tout cas en interne, ça profite :

Source : How Nvidia employees became millionaires: Wealth created inside Nvidia reach stunning levels - nearly 80% of employees are millionaires - The Economic Times

Et je rajoute cette réflexion que je n’avais pas pensé :sweat_smile: :

“En raison de la fulgurante hausse de la valeur des actions de Nvidia, certains employés plus anciens, désormais riches, ne semblent plus contribuer de manière équitable au travail, créant un problème de « semi-retraite ». Le PDG, Jensen Huang, a abordé cette question lors d’une réunion interne, encourageant les employés à gérer leur temps de manière responsable. […] Les critiques soulignent le possible manque de motivation des nouveaux millionnaires pour travailler dur.”

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C’est sur en tant que salarié vaut mieux travailler dans la High Tech et chez les Hedges funds que dans la grande disribution (par ailleurs spécialité francaise!). Partage de profits considérables c’est mieux que partage de marges misérables.
Ceci dit le cas des employés millionnaires on le retrouve dans toutes les entreprises de la tech.

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J’ai pas dû viser les bonnes :sweat_smile:

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The economist newspaper sur X
Suis un peu surpris que ce soit une découverte. Ici

A recent analysis of Alphabet, Amazon and Meta by Barclays estimated that higher depreciation costs would shave 5-10% from their earnings per share.

Apply this logic to the entire AI big five anthe potential overall hit to the bottom line is huge

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Et entremps ça accélère sec. Ici

OpenAI, Oracle, and SoftBank expand Stargate with five new AI data center sites

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Si vous avez le temps de lire.
Husman fund market comment

Technological singularity

Finally, on the subject “singularity,” it’s worth briefly discussing the use of that term as it applies to technology and artificial intelligence. In the 1950’s, John von Neumann wrote: “The ever-accelerating progress of technology and changes in the mode of human life gives the appearance of approaching some essential singularity in the history of the race, beyond which human affairs, as we know them, could not continue.”

There are numerous versions of that sentiment, ranging from human extinction, to the moment that AI becomes self-aware, or both. These scenarios typically evoke the Terminator movies, but my own favorite is the Matthew Broderick movie War Games. If you’ve never seen it, you’re missing out.

Whenever one mentions AI, the central focus of investors seems to be on visions of enormous future corporate profits and ever-accelerating economic growth. I think that exuberance will prove to be off the mark. Consider the profound impact of the internet, smart phones, social media, the sequencing of the human genome, and all of the life-changing technologies of the past 25 years. One might imagine that economic growth over the past 25 years must have been higher than over any 25-year span in history. In fact, it is the lowest.

I’ve said this before, and I realize you’re not going to believe me, but most of the impact of new technologies is dispersed over time as “consumer surplus,” not as corporate profit. Yes, the complete abdication of anti-trust considerations in recent decades has produced a sort of winner-take-all economic dynamic among individual companies. But the advancement of technology itself makes even these monopolies vulnerable, which is why some of the largest cap stocks in 2000 have languished with total returns well below the overall return of the S&P 500 in the decades since.

Moreover, it’s taken a multi-year bubble, and an advance to the highest valuations in U.S. history, simply to bring the overall total return of the S&P 500 since the 2000 market peak to 7.9% annually.

Don’t get me wrong. I think artificial intelligence is mind-boggling in its capacity to generate content and accelerate almost any kind of research and development. I’m also convinced of two things – the less you’re willing to think, the more vulnerable you are to having AI think for you, and the more you’re willing to think, the greater the opportunity you have for AI to leverage your insight. As individuals, and as a society, we can go either way with that choice. Our most urgent focus should be on that choice.

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Pareil, j’aimeriais bien trouver un petit poste dans une décalicorne (vu que j’ai vu le terme y a pas longtemps en parlant de Mistral) pour devenir fainéant :wink:

Moi non plus, pourtant c’est pas faute de changer regulierement, mais aucun million a l’horizon ! :laughing:

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Ah, oui, très bonne lecture, merci pour le partage.
Bon, tu m’as flingué le moral, mais merci, hein. :grin:

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On est vendredi soir, je n’ai plus la force pour l’anglais. Je me suis donc permis de faire un petit résumé traduit en français par un LLM :grin:

Voici un résumé du billet « Singularity and the Buzzard » de John P. Hussman (septembre 2025) :


Thèse principale

Hussman compare la situation actuelle des marchés à une singularité — un point où les règles normales cessent de fonctionner — et soutient que les taux d’intérêt très bas (voire nuls) ont alimenté une bulle spéculative insoutenable.


Points clés

  1. Singularité financière et taux zéro
  • Le concept de singularité est emprunté aux mathématiques (division par zéro). Hussman l’applique à la finance : des taux d’intérêt trop bas « cassent » la logique de valorisation normale.
  • Quand les taux sont très bas, le prix des flux futurs (dividendes, cash-flows) devient énorme : c’est ce qui a permis aux valorisations de s’emballer.
  • À terme, cela verrouille des rendements futurs très faibles : on paie cher aujourd’hui pour un retour très modeste demain.
  1. Rôle de la Fed
  • Depuis 2010, la Fed a accru massivement ses « passifs à taux zéro », remplaçant des obligations rémunérées par de la monnaie (ou des réserves) non rémunérées.
  • Ces passifs représentent une part très élevée du PIB ; pour maintenir des taux courts positifs, la Fed doit payer ses banques pour garder ces réserves (intérêt sur réserves).
  • Tant que ces passifs restent élevés, il y a peu de marge pour que les taux montent naturellement par l’offre et la demande.
  1. Bulle et valorisations extrêmes
  • Hussman utilise le ratio MarketCap / GVA (capitalisation boursière des sociétés non financières divisée par la valeur ajoutée globale) comme mesure de valorisation. Il est aujourd’hui au plus haut historique.
  • Le “Bubble Term” est la distance entre les attentes implicites de rendement (basées sur les prix) et ce que justifie le fondamentaux. Plus l’écart grandit, plus le risque de dislocation (crash) augmente.
  • Il critique l’idée selon laquelle les flux d’investissement (investissements passifs) pourraient justifier des valorisations infinis (l’hypothèse d’un marché « inélastique »). Il rappelle qu’en fait, pour chaque acheteur il y a un vendeur — donc les prix doivent être soutenus par les fondamentaux, pas par de simples flux.
  1. Dynamique de bulle et “finite-time singularity”
  • Il fait référence aux travaux de Didier Sornette sur les bulles « log-périodiques » : des phases où les fluctuations deviennent de plus en plus rapides, jusqu’à un point critique (la singularité).
  • Cette singularité n’est pas nécessairement le pic ou le crash, mais un point où la pente de l’avancée est extrême, souvent précurseur d’un retournement.
  • Hussman estime que ce point est très proche — ou déjà atteint — pour le marché américain.
  1. Perspectives sur les obligations et les taux d’intérêt
  • Les taux longs (10 ans) sont jugés modestes — ils ne sont ni trop bas ni trop élevés — mais ne permettent pas aujourd’hui d’attendre des performances extraordinaires par rapport aux T-bills.
  • Lors d’une récession, les baisses supplémentaires de taux obligataires sont souvent limitées, selon l’historique.
  1. Singularité technologique & limites de la croissance
  • Hussman discute aussi de la notion de singularité technologique (intelligence artificielle, progrès exponentiel).
  • Il rappelle que malgré les innovations, la croissance économique (mesurée) reste faible. Beaucoup des gains technologiques sont captés comme “surplus non monétaire” pour les consommateurs, plutôt que comme profits visibles.
  • Il met en garde contre la fascination pour l’IA : les marchés l’intègrent comme une promesse de profits gigantesques, mais cela peut être une bulle de narratif.
  1. Stratégie d’investissement & gestion du risque
  • Hussman insiste qu’il ne compte pas sur l’effondrement de la bulle pour réussir sa stratégie — il se prépare à des marchés volatils ou plats.
  • Il mentionne qu’il a déjà mis en place des couvertures (hedges) depuis environ un an pour limiter les risques.
  • Il juge que la configuration actuelle (plus de 100 jours que le S&P 500 est au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours) est fragile : dans l’histoire, cela précède souvent une correction de 4–6 %, voire davantage.
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Merci et bravo pour ce résumé.