[Résumé] Stratégies d’accumulation pour la retraite intégrant les actifs réels et le risque d’inflation

Je partage ci-après un résumé en Français d’un papier publié le 28 octobre 2025 par l’équipe de recherche d’Amundi (Amundi Investment Institute) : Benjamin Bruder, Thierry Roncalli (Head of Quant Portfolio Strategy), Camille Schittly, Jiali XU.

Retirement Accumulation Strategies with Real Assets and Inflation Risk

Le papier explore la conception optimale des solutions de retraite et des trajectoires d’allocation (« glide paths »).

Au fil du temps, la longévité est devenue un risque systémique pour les régimes par répartition et à prestations définies (fonds de pension), ainsi qu’un risque idiosyncratique pour les individus.
Par exemple, l’espérance de vie devrait atteindre 82 ans d’ici 2100, contre 46 ans en 1950.
Cette hausse a contribué à l’essor des régimes à cotisations définies (sans engagement sur le montant des pensions).

Avant de pouvoir décumuler efficacement pendant la retraite, les individus doivent d’abord accumuler suffisamment de patrimoine, ce qui souligne le rôle central de l’allocation d’actifs dynamique dans la préparation à la retraite.

Exemple de stratégie présentée :

Résumé :

Objectif

Le papier analyse comment construire des stratégies d’accumulation de retraite intégrant à la fois :

  • le capital « humain » (futur potentiel de cotisation) et le capital financier actuel,
  • des classes d’actifs réels (immobilier, infrastructures, dette privée, private equity) et des actifs sensibles à l’inflation,
  • les contraintes pratiques (liquidité, levier, long only) et le risque d’inflation.
    Ceci afin d’optimiser l’allocation d’actifs dans un horizon long (40-50 ans) pour la phase d’accumulation.

Hypothèses / Modèle

  • Le papier étend le modèle classique de Robert C. Merton (1969/1971) en y intégrant les contributions futures (« human capital ») et l’allocation dynamique.
  • Utilisation d’une utilité de type CRRA (aversion au risque constante relative) pour obtenir des solutions fermées dans certains cas.
  • Les investisseurs ont des contraintes : levier limité, long-only, proportion d’illiquide variable selon âge (plus jeune = peut tolérer plus d’illiquidité).

Résultats clés

  • Allocation optimale : elle peut être interprétée comme une version à effet de levier de la stratégie d’allocation statique, où le capital humain joue un rôle clé dans la détermination du ratio de levier. Comprendre le rapport entre capital humain et capital financier ouvre la voie à des solutions de retraite personnalisées.
    • Le ratio capital humain / capital financier est central : plus le capital humain est élevé (c’est-à-dire tôt dans la carrière), plus l’allocation optimale aux actifs risqués peut être élevée.
  • La trajectoire « glide path » (réduction du risque à mesure que l’on approche de la retraite) théorique est convexe (dé-risque assez tôt puis plus lentement) mais en pratique on observe souvent une trajectoire concave (on garde un risque élevé longtemps puis on baisse rapidement juste avant la retraite). Le papier explique ce décalage via :
    • l’aversion au risque croissante avec l’âge,
    • les contributions de plus en plus élevées à l’approche de la retraite,
    • les contraintes d’allocation.
  • L’inclusion de classes d’actifs réels et d’actifs sensibles à l’inflation apporte :
    • un meilleur profil risque-rendement pour l’accumulation sur long terme,
    • une couverture supplémentaire contre l’érosion du pouvoir d’achat due à l’inflation.
  • Le modèle aboutit à une décomposition du portefeuille en « portefeuille croissance » et « portefeuille couverture d’inflation (liability-hedging) ». Cette structure rapproche les solutions pour plans à cotisations / épargne individuelle (DC) de celles utilisées dans les régimes à prestations définies / fonds de pension (DB).

Implications pratiques

  • Pour un investisseur ou un gestionnaire de portefeuille retraite, cela signifie :
    • Il faut prendre en compte non seulement l’épargne déjà accumulée mais aussi la valeur actuelle des futurs flux de cotisation (capital humain).
    • La diversification bénéfice à inclure des actifs peu corrélés, notamment des actifs réels et des actifs liés à l’inflation, pour long horizon.
    • La gestion d’un produit « target date » ou d’une stratégie d’accumulation doit ajuster l’exposition à risque au fil du temps : tôt dans la carrière plus de risque acceptable, puis réduction progressive.
    • Les contraintes pratiques (liquidité, long-only, levier) modifient fortement la trajectoire optimale par rapport aux modèles académiques « idéaux ».
    • L’inflation n’est pas un effet marginal : même modérée, elle détériore fortement le pouvoir d’achat sur 30-50 ans. Il faut l’intégrer dans le design de la stratégie.

Limites / points de vigilance

  • Le modèle repose sur des hypothèses qui peuvent ne pas tenir dans tous les contextes.
  • L’allocation aux actifs réels suppose un bon accès à ces marchés (infra, private equity) — ce qui peut être difficile ou coûteux pour certains investisseurs.
  • La calibration des paramètres (rendements, volatilités, corrélations avec inflation, liquidité) est complexe et sensible : de petits écarts peuvent changer les résultats.
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