J’essaie de consulter la leçon Goudurix, mais je n’arrive plus à y accéder : j’ai testé avec Chrome et Firefox, et la page ne se charge pas. S’agit-il d’un problème technique ?
En fait, j’aurais une question sur la manière dont les profils types sont présentés dans la leçon. Le fait de fixer un ratio actions/cash en fonction d’un niveau d’aversion au risque me semble un peu rigide. Je comprends que c’est une simplification utile pour modéliser des comportements, mais j’ai le sentiment que cela ne reflète pas assez l’utilité perçue de l’épargne, qui, à mon sens, peut faire évoluer ce ratio de manière plus progressive.
Pour illustrer cela avec mon propre cas : j’ai longtemps tout placé sur des supports sécurisés, à la fois par prudence, manque de culture financière, et parce que mon épargne avait une utilité très claire (épargne de précaution, apport immobilier, travaux, financement des études des enfants, etc.). J’avais donc un profil très conservateur pendant la première moitié de ma vie active.
Aujourd’hui, comme je considère que ce que j’épargne aujourd’hui n’a plus d’utilité claire, je l’investis entièrement en actions. Mon profil est donc devenu plus dynamique avec le temps, non pas à cause d’un changement d’attitude face au risque, mais plutôt parce que l’utilité marginale de mon épargne a diminué à mes yeux.
Ma question est donc la suivante :
Est-il reconnu que le profil d’investisseur puisse évoluer avec le temps, en fonction du sens que l’on donne à son épargne ?
J’ai conscience d’aller à contre-courant des recommandations classiques (plus jeune = plus risqué ; plus âgé = plus prudent), mais je ne vois pas clairement où est le biais dans mon raisonnement.
En pratique, l’allocation n’est pas fixée car les hypothèses de rendement (et dans une moindre mesure, de volatilité) varient dans le temps. L’aversion au risque n’est pas le seul déterminant. Il n’en reste que l’allocation sur la fraction de Merton est extrêmement simplifiée par rapport à ce vers quoi on vous amène…
… dont tu as effectivement appliqué l’un des grands principes. L’existence de projets à plus ou moins long terme impose de réduire le risque du portefeuille.
De même, il faut disposer de suffisamment de liquidité pour absorber des accidents de parcours. On peut faire ça de manière moins coûteuse à long terme qu’en conservant un gros tas d’épargne de sûreté, mais il faut effectivement s’assurer d’avoir la capacité de mobiliser des pépettes rapidement.
C’est pour ces raisons que les jeunes vont généralement avoir un portefeuille plus conservateur que ce que suggèrerait une simple fraction de Merton.
Mais il est important de ne pas surévaluer ses besoins de cash lorsqu’on est jeune, parce que cette épargne a des décennies devant elle pour fructifier. Le mix idéal va dépendre de la taille et de l’horizon des projets par rapports aux revenus.
Là encore, je vois plusieurs facteurs concurrents, pas faciles à discriminer.
Le plus évident est le corollaire du précédent. Comme tu n’as pas de gros projet à financer à court terme, alors tu es naturellement retourné vers ton allocation « théorique », qui est plus agressive (potentiellement avec un gros % d’actions, même si tu as atteins la 50 aine).
L’aversion au risque peut aussi évoluer.
Lorsqu’on accroît ses connaissances sur la finance et le risque, on tend à réduire son gamma (si on partait d’un profil conservateur).
Cela ne me surprendrait pas outre mesure que des gens qui gagnent en confiance eux, en expérience et ont accumulé des compétences (en général, pas forcément financières) peuvent se sentir plus sereins face aux challenges que la vie peut leur envoyer dans la face.
Si l’on atteint un niveau de patrimoine où l’on estime qu’on aura suffisamment de blé pour assurer le niveau de vie minimal que l’on souhaite, certains pourraient devenir moins frileux sur le risque.
L’aversion au risque n’est qu’un estimateur d’une vision plus ou moins optimiste du monde. Ce n’est pas un scalpel psychologique de précision.
Les deux facteurs ci-dessus peuvent expliquer un glissement parfaitement rationnel vers un portefeuille plus risqué, mais l’avancée en âge doit rationnellement te pousser à réduire ton exposition au risque. A moins d’avoir connu une grosse progression de carrière, tes revenus futurs représentent moins de thune « latente » que lorsque tu étais plus jeune, tandis que ton capital financier a probablement augmenté.
On en parle dans la leçon sur le capital humain qui va sortir incessamment.
Oui, c’est vraiment pas simple sans une bonne éducation financière et c’est là où je pense avoir fait de grosses erreurs je jeunesse et manqué des opportunités. Je me console en me disant que je pourrai éduquer mes enfants pour qu’ils ne les reproduisent pas (grâce à Cayas !).