[Journal] Nicolas : de joueur de poker pro à Entrepreneur, 33 ans

Sympa l’interview dans le podcast de Fabrice FLORENT (histoires d’argent #160) :slightly_smiling_face:

Nicolas dans " Histoires d’Argent "

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Carrément ! Ce podcast m’a donné envie de bosser avec toi @Nicolas :raising_hands:

(Oh wait…) :grin:

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J’ai pas mal joué au poker à une époque (pas pro cela dit hein), et je trouve beaucoup de parallèles entre la finance et le poker.
Notamment qu’il faut décorréler la prise de décision du résultat de celle-ci. Puisqu’il s’agit dans les deux cas d’un jeu à information incomplète, où la part de chance est prépondérante.
On peut faire les bons choix et perdre de l’argent quand même. Et vice-versa : jouer comme un gros dégèn et gagner :person_shrugging:
À long terme les probabilités avantagent les bons joueurs, mais ça peut être (très) long.

Dans les deux cas, on peut atténuer l’impact négatif du risque avec une gestion de bankroll cohérente.

@Nicolas Toi qui a été pro, quels parallèles tu vois ?

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Intéressant que tu notes cela car c est un point essentiel du livre de Annie Duke ex poker pro" Thinking in Bets Making Smarter Decisions When You dont Have All the Facts"
Son point une decision ne doit etre évalué non en fonction du resultat mais en fonction du processus de decision. Ex un coach remplace un joueur par un autre, l equipe perd et le coach est renvoyé mais objectivement il s agissait d une bonne décision pour telle ou telle raison. Si l équipe avait gagné la décision aurait été jugé une décision de genie. Comme si la chance ne jouait pas. Helas pour nos temps impatient on ne peut juger du succès d une stratégie que sur le long terme. Voir Cliff Asness well, value has underperformed, but let’s stay the course,” and then in June ’99, “I know this is bad, but I still believe in our process,” and then in December ’99, “Wow, this is the worst stretch of value underformance since the depression, and by the way, don’t mind the beads of sweat on my upper lip.”

Autre exemple Jean Todt reprends l équipe Ferrari et 4 années sans titre avec Schumacher avant de remporter 5 titres de suite.pendant 4 ans il avait restructuré toute l equipe et defini une stratégie. Mais il faut une sacré confiance en soi!

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Ce sont de très bons exemples ! Je pense que ça doit être le point le plus dur psychologiquement en finances personnelles.

L’erreur de suivi d’un portefeuille diversifié par rapport à un indice de référence peut nous faire passer pour un gros abruti pendant des décennies, même si c’est la décision rationnelle. :sweat_smile: Si on veut réduire le risque de gros gadins sur un horizon donné, on sacrifie nécessairement la possibilité de tout parier sur ce qui sera le meilleur cheval de cette période.

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Merci @Orro ! J’ai découvert que l’interview a été publiée grâce à ton message :grinning_face_with_smiling_eyes:

Vaste sujet, j’ai droit à combien de caractères ? :sweat_smile:

Je crois énormément aux parallèles entre la finance et le poker. Et plus largement, je vois plein de ponts entre les jeux vidéo pratiqués jeune, le poker, l’intérêt pour la finance (classique ou crypto), et même le sport.

Il y a énormément de personnes qui ont fait de nombreux ponts entre ces activités. J’ai un bon échantillon avec les joueurs qui étaient pro lorsque je l’étais dans les années 2010 :slight_smile:

Si je reste focalisé sur les parallèles poker / finance :

  • Ne pas être « result-oriented » : comme tu dis, il y a une part d’incertitude liée aux tirages. Au poker, tu dois apprendre à évaluer une décision indépendamment du résultat. C’est assez facile quand on parle d’espérance de gain à tapis, mais ça ne couvre qu’une petite partie de la variance. Le reste, ce sont les timings, les rencontres, les dynamiques de table. Bref, tout ce qui n’est pas uniquement lié aux tirages à tapis dont l’espérance de gain est facilement mesurable. Les exemples cités par @ZakZak sont excellents.

  • Gestion du risque : comme en finance, un bon joueur de poker doit faire tendre son risque de ruine vers 0%. Pour cela il doit appliquer une gestion de capital rigoureuse. Descendre de limite si il encaisse une série de défaite.

  • Psychologie : tu peux vivre des périodes longues où tu es perdant bien que ton espérance de gain soit positive, parfois plusieurs centaines de milliers de mains soit plusieurs mois de travail. Idem en Finance.

  • Identification de ses biais comportementaux. L’idée est de bien maîtriser ses émotions pour éviter le « steam », voire le « tilt », où tu vas commencer à prendre des décisions suboptimales. Tu dois aussi identifier en quoi tes adversaires dévient de l’optimal pour exploiter leurs faiblesses.

  • Prises de décisions nombreuses dans un contexte d’incertitudes : je jouais jusqu’à 2000 mains de l’heure en ligne, avec entre 6 et 24 tables ouvertes. Tu joues moins parfaitement que si tu n’as qu’une table, mais tu maximises ton taux horaire. Cela impliquait environ 4000 décisions par heure, plus d’une par seconde en moyenne. Tu dois apprendre à appliquer un Pareto sur tes décisions et ne pas te laisser dépasser. La majorité des décisions sont automatiques, d’autres sont très complexes. On retrouve ça en trading et en finance.

  • Approche quantitative : tu dois estimer en permanence ton espérance de gain pour chacune des décisions.

  • Apprendre à perdre : un excellent joueur en heads-up gagne 55% des mains. Il perd donc 45% du temps. Même les meilleurs ne gagnent que 55 à 60% de leurs sessions. Tu dois accepter de perdre contre plus faible. Ça apprend l’humilité. Tu dois aussi apprendre à décorréler ton humeur et ton estime de toi de tes gains ou tes pertes. Ça paraît simple comme ça, mais vivre un downswing de plusieurs mois peut te pulvériser moralement. A l’inverse, parfois tu vas gagner et avoir l’impression d’avoir tout compris alors que c’est juste la variance qui est de ton côté. Il est possible de tilter et de dévier dans ces périodes où tout te réussit…

  • Compréhension de la variance : le cerveau n’est pas câblé pour saisir à quel point la variance peut être extrême. Elle est contre-intuitive, vertigineuse.

Je pourrais continuer longtemps :smiley:

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Hâte du groupe ultra select « les capybaras, from nl2 to nl200 », j’en suis !

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C’est golden ça.

Roger Federed, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tennis de tous les temps, raconte qu’il ne gagne que 54% de ses coups. Ce qui est passé, est passé, maintenant il faut se focus sur le prochain coup.