« Pour une raison qui m’échappe encore, de nombreuses personnes aiment entendre que le monde court à sa perte — et accueillent d’un air offensé et condescendant le naïf trop optimiste qui ose troubler cette satisfaction.
Et pourtant, le pessimisme s’est révélé d’une constance remarquable : il a toujours été un mauvais guide dans le paysage économique contemporain. »Deirdre McCloskey, historienne et économiste américaine
Les krachs occasionnels font partie du jeu quand on investit.
Les prix des actions ne sortent pas du chapeau : ils reflètent ce que les investisseurs pensent du futur des entreprises - les bénéfices qu’elles feront et les risques auxquels elles sont confrontées. Quand ces attentes bougent à cause d’un événement politique, économique ou de décisions délirantes (coucou les tarifs douaniers), les prix peuvent réagir… parfois de manière spectaculaire.
Une chute des actions ne signifie pas que le système est cassé ou que la fin du monde approche. C’est un événement normal, même s’il est désagréable. Et votre stratégie d’investissement doit l’avoir anticipé.
À chaque crise, on a l’impression que « cette fois, c’est différent ». Et quelque part, c’est vrai… Chaque crise a ses propres déclencheurs, ses propres secousses, son propre récit.
Mais les lumières ne se sont pas éteintes. Le monde a continué de tourner. Et jusqu’à maintenant, les marchés ont toujours fini par repartir.
Dédramatisons
Les baisses de marché ne sont pas une anomalie. C’est le fonctionnement normal de la Bourse. Elles arrivent, et assez souvent. Elles doivent faire partie de vos attentes dès que vous commencez à investir.
En regardant les données annuelles sur les actions américaines depuis 1926, on voit qu’environ une année sur quatre affiche un rendement négatif. Les chutes de 20 % ou plus sont moins fréquentes, mais pas rares non plus. [1]
C’est pour ça que votre allocation - c’est-à -dire la répartition de votre argent - doit être pensée en fonction de votre plan de vie, pas des émotions du moment.
Autre point à garder en tête : les baisses en cours d’année ne signifient pas nécessairement que l’année finira mal. Il n’est pas rare que les actions fassent un petit tour dans le rouge avant de finir l’année dans le vert :
Données du marché américain, de 1979 à 2024 :
- Écarts intra-annuels du marché américain (hausses max. en bleu clair, baisses max. en gris).
- Rendements annuels (points bleu foncé). [2]
Le vrai défi, c’est le choc émotionnel
Sur le papier, la plupart des investisseurs savent que les krachs font partie du jeu. Ils ont vu les courbes historiques. Mais en regardant un papier, c’est facile de se dire : « Oh ça va, j’aurais tenu le coup ! »
Quand les marchés chutent pour de vrai et qu’on voit son épargne dégringoler un peu plus chaque jour, la différence de ressenti est abyssale. Chaque chute paraît vertigineuse, et la remontée semble toujours incertaine.
Entre la logique d’un graphique et le vertige qu’on ressent en direct, il y a un monde.
Il y a toujours des récits narratifs autour d’une crise. Bien souvent, ils sont plus angoissants que la baisse elle-même. Ces récits ne sont pas anecdotiques, ils font partie intégrante du krach. La meilleure manière de s’en protéger est d’apprendre à les repérer.
Pour traverser un krach, il y a trois éléments clés à comprendre :
- La résilience historique des marchés actions depuis des décennies.
- Le pouvoir des récits qui nourrissent l’angoisse.
- Sa propre tolérance au risque.
1. La résilience des marchés : ce que l’histoire nous apprend
Depuis qu’on mesure les performances des marchés, ceux qui ont cru dans les actions sur le long terme — les optimistes — s’en sont bien sortis.
Entre 1900 et 2024, les actions mondiales ont offert un rendement réel moyen de plus de 5 % par an. On parle du rendement réel, ajusté de l’inflation, parce que c’est le seul rendement qui compte : celui qui suit votre pouvoir d’achat.
Et ce, malgré les guerres, les pandémies, les crises économiques et les soubresauts géopolitiques.
Oui, les marchés actions sont volatils. Mais c’est justement parce qu’ils sont risqués qu’ils rapportent plus à long terme que les livrets ou les fonds euros. C’est ce qu’on appelle la prime de risque : une récompense pour accepter de traverser les secousses.
2. Le pouvoir des récits qui font peur
Même les investisseurs les plus rationnels peuvent douter quand le marché s’effondre. Ce n’est pas seulement une affaire de chiffres : ce sont les récits qui nous déstabilisent.
Le prix Nobel Robert Shiller décrit les récits comme « des constructions humaines mêlant faits, émotions et interprétations, capables de modeler notre perception de la réalité ».
Il parle aussi des bulles comme d’« épidémies sociales » ou « épidémies narratives », nourries par des attentes démesurées.
Et cela fonctionne dans les deux sens : hausses excessives ou paniques généralisées.
Ces dernières semaines, on traverse une guerre commerciale mondiale. Les tarifs douaniers pèsent sur les estimations de bénéfices des entreprises et créent de l’incertitude. Résultat : les marchés corrigent.
Alors, est-ce que cette crise est différente ? Peut-être. Mais chaque crise est différente. C’est justement pour ça que les krachs se déclenchent, avec pour chacun son récit propre et ses raisons de paniquer.
3. La tolérance au risque : ce que la tempête peut vous apprendre
Un krach est un excellent test grandeur nature de votre tolérance au risque réelle, et non théorique. C’est-à -dire de mieux vous connaître.
Changer de cap en pleine tempête est souvent une mauvaise idée. Sortir du marché peut sembler rassurant sur le moment… encore faut-il savoir quand remonter à bord ! C’est là que beaucoup se perdent.
En revanche, utiliser vos réactions pour réfléchir à votre allocation est une excellente idée.
- Si ça pique un peu mais que vous dormez bien, continuez à tenir la barre.
- Si ça pique trop et que vous dormez mal, c’est que vous êtes trop exposé au risque. Un investissement ne doit jamais causer d’insomnie.
Ça peut donc être le bon moment pour redéfinir votre plan financier. En fonction de votre profil de risque et de vos projets de vie.
Notre outil d’allocation vous donne une bonne première indication, après avoir défini votre profil de risque dans notre parcours “Apprivoiser le risque”.
TLDR (Too Long, Didn’t Read) :
Les krachs ne sont jamais agréables. Mais ils sont normaux. Ce sont des événements qu’il faut traverser avec une stratégie adaptée.
C’est pour ça qu’il vous faut une allocation taillée sur mesure pour vous permettre de la tenir, même quand ça secoue.
C’est précisément ce qu’on vous aide à faire avec Cayas.
Pour découvrir notre parcours sur le risque et déterminer votre profil de risque, rendez-vous ici.
[1] Données du CRSP (Center for Research in Security Prices), Université de Chicago.
[2] Données de l’indice Russell 3000, indice boursier qui mesure la performance des 3 000 plus grandes entreprises américaines cotées, représentant environ 96 % du marché boursier américain et servant de référence pour les investisseurs et les analystes. Source : Franck Russell Company.
Merci à Ben Felix pour sa vidéo “This time is different”, qui a bien nourri la réflexion derrière ce texte.