Je n’achète pas l’étude Cederburg.
On sait que les actions ont une espérance de rendement supérieure aux actifs de diversification. Donc sur le long terme, un portefeuille 100% actions est sensé faire mieux qu’un portefeuille avec moins de 100% d’actions. Plus le « long » du long terme est long, plus le « généralement » se met à ressembler à « toujours ».
Autrement dit, ce papier constate que quand c’est sensé rapporter plus, généralement ça rapporte plus. Je ne pense pas que ce soit la plus grande révélation de l’histoire de la finance. ![]()
Le papier occulte le fait qu’on ne vit pas dans le long terme. Nos projets changent, des tuiles nous forcent à consommer plus tôt que prévu… On veut des portefeuilles diversifiés parce qu’ils ont moins de risque et un meilleur rendement ajusté du risque, pas parce qu’on pense qu’ils auront un meilleur rendement !
On prend des portefeuilles plus diversifiés pour se prémunir contre le risque d’avoir besoin de notre argent avant la retraite. Parce que le chemin compte autant que l’arrivée et qu’on pourrait parfaitement évaluer que le grand voyage qu’on fera à 40 ans a plus de valeur à nos yeux que 30% de pouvoir d’achat en plus à 80.
Par ailleurs, tout le monde n’a pas la résilience pour encaisser 15/20% de volatilité annuelle. Même si l’on peut réduire sa peur du risque en s’éduquant, un abaissement de 50% de son portefeuille peut amener à jeter l’éponge, avec des effets à long terme catastrophiques sur l’Utilité.
En outre, si on veut un portefeuille avec le risque d’un 100% actions, on peut espérer un meilleur rendement avec du levier et d’autres classes d’actif. Sans se vouer totalement à la prime de risque des actions. L’étude m’a parue faiblarde sur ce sujet.
Sur le sujet des allocations dynamiques, où l’on tient compte de l’état du marché pour ajuster son allocation, le papier m’a l’air un peu léger également. Il s’appuie sur le ratio dividendes/prix qui n’est clairement pas celui que j’ai le plus rencontré dans la littérature : les dividendes ne sont pas un très bon prédicteur de l’espérance de rendement total. Cela biaise la comparaison.
Bref, étude intéressante mais pas révolutionnaire ni inattaquable. Le message clé que je retiens est que pour le long terme, nombre d’épargnants ne prennent pas assez de risque.