Si on est purement au sein du CTO, un 100% actions et un 90% actions / 60% obligations vont avoir une volatilité similaire, autour de 14% annualisés (en prenant la volatilité à long terme du World).
Leur espérance de rendement nette de taxes et d’inflation est assez proche également. En première approximation, ils tourneraient autour de 2% réels nets (avec mes estimateurs à ~10 ans actuels, qui ne sont pas folichons). Historiquement, ça a tout de même assez bien marché sur le long terme. Un 60/40 à levier x1,5 aurait généré entre 0,5 et 1% annualisés de plus qu’un 90/10…
Il ne faut pas s’attendre à une différence miraculeuse entre les deux, surtout lorsque les rendements réels sont faibles : l’imposition s’applique à la variation en nominal !
Un 90/60, tu peux le voir comme la somme :
- d’un portefeuille 90% actions / 10 % obligations. Schématiquement, un 100% actions dérisqué de 10%, avec 10% de rendement en moins.
- d’un portefeuille contenant 50 % d’obligations gouvernementales diversifiées (duration autour de 7 ans) et -50% d’obligations à court terme (moins d’un an), c’est-à-dire un portefeuille obligataire long/short où tu paries sur la prime de risque de taux d’intérêt.
Ce portefeuille long/short a une espérance de rendement relativement faible. Le rendement d’un panier d’obligations gouvernementales diversifiées (en €) va être de l’ordre de 0,7% à 1% au-dessus de celui des obligations courtes. Si on emprunte à 1,5% au-dessus des taux à court terme, ça ne va pas le faire. Il faut des moyens de financement plus efficaces (comme les futures dans NTSG), qui ont un coût d’emprunt implicite autour de 0,4%. L’espérance de rendement brute du portefeuille est alors de 0,3% à 0,6% par an. Puis les impôts : on passe à une espérance de rendement nette de 0,2% à 0,4%.
Ce portefeuille long-short est tout de même volatil et tu peux te faire dégommer. Par exemple sur une longue période d’inversion de la courbe des taux, typiquement lorsque l’inflation est plus élevée que prévu (hausse des taux courts, qui ne se répercute pas totalement sur les taux longs, cf. 2022). Tu pourras donc faire pire qu’un 90/10, mais ce portefeuille long/short reste beaucoup moins risqué qu’un 90/10 !
En revanche, si on se reprend une crise déflationiste ou un flight to quality, ce long/short peut faire des étincelles tandis que ton 90/10 se fait ramasser.
Tu vas donc avoir un profil de risque différent avec ce portefeuille à levier, mais le risque global reste de même ampleur qu’un 100% actions. Tu te feras croquer par d’autres prédateurs, mais ils mordront aussi fort !
Un 60/40 aura moins de risque et une plus faible espérance de rendement : autour de 1,4% de rendement réel net et de 9 à 10% de volatilité. Sur un horizon de 10 ans, le 60/40 aurait eu dans les 25% de chances de faire mieux qu’un 90/60 ou un 90/10, à 30 ans les portefeuilles plus risqués auraient toujours gagné. Ce n’est pas un portefeuille alternatif à un 90/10, c’est un portefeuille moins risqué, tout simplement !
En ce moment, l’espérance de rendement à moyen terme des actions n’est pas stellaire si l’on en juge les valorisations. Celle des obligations est meilleure qu’avant 2022, mais n’est pas à tomber en pâmoison. C’est donc une période où il me semble sage d’être très vigilant sur les coûts et les taxes. Néanmoins, même dans cette configuration, le 90/60 me semble être une alternative intéressante à 100/0. A risque égal, j’ai tendance à privilégier le portefeuille le plus diversifié.