Allocation dynamique avec levier financier

Bonjour à tous,

Je viens vous présenter ma stratégie d’allocations que je suis encore et toujours en train de peaufiner, pour aboutir sur quelque chose de plutôt simple mais qui resterait efficace en termes de risque/rendement par rapport à mon profil.

Contexte : Tout début de phase d’accumulation, aucun héritage, épargne de précaution sécurisée, salaire variable selon mon activité libérale, environ 3 fois le salaire médian français.
Sécurité d’emploi assurée au minimum pour les dix prochaines années, mais protection sociale assez faible au vue de mon activité libérale.

Je possède un PEA chez Bourso et une assurance vie SPIRIT 2, avec mes livrets réglementés classiques.

Ma thèse d’investissement (inspirée de lectures) est d’utiliser du levier au vue de mon âge jeune pour m’exposer le plus rapidement possible au marché boursier, mais en utilisant d’autres actifs partiellement décorrélées des actions pour stabiliser le portefeuille.

Dans l’idéal, j’aurais aimé mettre du levier sur du World, et mon panier obligation sur du global aggregate classique, mais je dois m’adapter à mes enveloppes disponibles.

En pratique, voici ce que je pense exécuter comme portefeuille :

  • 47% dans du CL2 (MSCI USAx2, plutôt proche d’un SP500x2) sur PEA
  • 38% dans du Lifestrategy 20/80 de Vanguard
  • 15% dans un ETF commodity (Amundi Bloomberg Equal-weight Commodity ex-Agriculture UCITS ETF Acc )

Ce qui correspond à un levier de 47%, et donne sur une base 100 une telle répartition :

  • 64% d’actions
  • 26% d’obligations
  • 10% de commodities

Une allocation relative plutôt classique au vue de mon âge, mais implémentée avec du levier.

Si j’hésite encore et vous la soumets sur ce forum, c’est en raison de différents points qui me questionnent toujours, notamment :

  • J’aurais aimé mettre du levier sur du world plutôt que sur le marché américain, notamment au vue du risque politique plus qu’économique dont on témoigne actuellement, risque que j’aurais aimé esquiver

  • Le prix tout de même élevé du levier actuel

  • La réelle plus value d’utiliser une assurance vie pour ma poche obligataire, au vue du coût d’enveloppe important sur l’espérance de rendement des obligations. Je me rassure en me rappelant que le but de cette poche n’est pas de délivrer du rendement mais de réduire mon risque et bénéficier des ré-équilibrages en cas de crash boursier.

  • Les autres manières d’appliquer du levier (box spreads notamment), mais qui sont bien plus complexes qu’un simple ETF levier. La facilité d’implémentation de ma stratégie est à mon sens très importante si je souhaite maintenir sur des décennies ma stratégie.
    Je suis donc prêt à perdre un peu de rendement pour tenir une stratégie 20 ans, plutôt que d’avoir une stratégie parfaitement optimisée mais que je tiendrais seulement 5 ans.
    Cependant, cela vient questionner la différence réelle de rendement entre les deux, que j’ai beaucoup de mal à évaluer.

  • Je m’interroge également sur la pertinence d’utiliser un fonds euros pour une partie de la poche obligataire, mais j’ai du mal à me décider. Cependant, le but principal de cette poche étant, en cas de crash « classique » boursier, d’être inversement corrélé en cas de crash des actions, je me dis que je préfère le global aggregate qui aura la volatilité que n’aura pas le fond euros, et donc je reste plutôt sur ma position global aggregate.
    Mais l’effet cliquet du fonds euros est intéressant, donc je ne sais pas trop quoi penser.

Voici donc les principales interrogations qui me taraudent aujourd’hui quant à cette stratégie d’allocations, mais dont je suis plutôt satisfait tout de même, et que je pense bientôt mettre en place.

Toute remarque est la bienvenue, que ce soit sur mes interrogations ou sur d’autres points
Merci d’avoir lu !

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Si tu veux alimenter ta réflexion, tu peux consulter la dernière vidéo de Ben Felix :

Basée sur cette étude : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4590406
Ils abordent un peu le levier notamment.

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Alors, gros sujet les portefeuilles diversifiés à levier. On va schématiser ici, ce sera un sujet que l’on va développer longuement dans les niveaux plus avancés de Cayas.

Il y a trois sujets interconnectés :

  • le niveau de risque ciblé
  • l’allocation d’actifs pour atteindre cette volatilité
  • l’implémentation pratique avec les outils du bord

Commençons par le risque cible
On va supposer qu’un portefeuille avec un plus de 15% de volatilité annualisée est ce qui convient pour ton profil. 15% de volatilité, c’est à la louche ce qu’on peut attendre d’un 65% actions, 25% obligs et 10% commodities avec 150% de levier. C’est un portefeuille sur lequel on peut s’attendre à des pertes de plus de 30% tous les 20 ans.

C’est plutôt musclé, donc il faut faire attention à l’horizon des projets et ne pas surestimer son aversion au risque ! Jeune + revenus confortables + sécurité de l’emploi = gros capital humain et une épargne de sûreté, ce sont des ingrédients qui permettent d’envisager un portefeuille dynamique si l’on n’a pas de projets à court terme.

Les allocations pour cette volatilité cible
L’approche la plus simple pour taper autour d’une volatilité de 15% serait un 85% actions World / 15% cash. En gros, une approche où tu atteins la volatilité cible en dérisquant l’actif le plus risqué plutôt qu’en diversifiant.

L’espérance de rendement que j’espèrerais avec un portefeuille de ce genre est de l’ordre de 3% (au-dessus de l’inflation, brut de frais et de taxes). Oui, je ne suis pas hyper bullish sur les actions en ce moment. Les dernières « innovations » trumpiennes sur la façon de fixer les droits de douane n’aident pas à me rasséréner. :sweat_smile:

Selon mes hypothèses de marché du moment (qui ne sont pas à prendre pour argent comptant) un portefeuille à levier 65/25/10 pourrait taper dans les 3,5% (toujours réels bruts de frais et de taxes) avec des coûts de financement « optimaux » (comme les futures utilisées dans les ETF à levier).

Donc sur le principe, ça sent bon. 15% d’amélioration du rendement réel à risque équivalent, c’est pas si mal ! Cela nous rend aussi un peu plus résilient aux erreurs d’estimation de nos paramètres : on a moins de chances de s’être fourré autant le doigt dans l’œil

Il faut toutefois bien se rendre compte que le risque de ce portefeuille reste extrêmement dépendant des actions. Il n’est pas encore très diversifié (cf. ce post où j’explique ça). Pour vraiment diversifier à ce niveau de volatilité espérée, il faudrait envoyer beaucoup d’obligations, une grosse dose de levier, voire d’autres classes d’actifs…

La mise en oeuvre
L’implémentation en World + Cash sans levier à 15% de volatilité serait super simple à mettre en œuvre jusqu’à ~200k€ de patrimoine financier : le cash en livret réglementé, les actions en PEA. Au besoin on mobilise le fonds monétaire en PEA pour dérisquer. Roulez jeunesse.

Si on veut un portefeuille leveragé, là, c’est le drame. :wink:

Tu as eu une bonne intuition avec l’usage du CL2 en PEA. Je pense aussi que c’est l’une des formes de levier les plus efficaces pour les investisseurs particuliers, même si maintenir le taux de levier et l’allocation cible du portefeuille peut être casse-pied. Comme les actions sont volatiles et sont ta source de levier, tu peux vite te retrouver assez éloigné de ta cible. Les frais des ETF à levier sont significatifs, mais l’avantage fiscal du PEA et la possibilité de dérisquer instantanément vers du fonds monétaire font passer la pilule.

Pour l’ETF matières premières, tu pourrais envisager le iShares Commodity Swap. Il suit un indice qui me paraît moins efficace que celui que tu as choisi, mais éligible au PEA. La possibilité de rééquilibrer au sein de l’enveloppe fiscale est assez précieuse sur des actifs volatils et peu corrélés.

Est-ce que ça améliorerait nécessairement l’espérance de rendement portefeuille en net de taxes par rapport à un ETF un peu meilleur mais en CTO ? Pas de certitude pour l’instant, mais mon intuition est que oui !

Le gros hic, c’est comment s’exposer efficaciement à l’obligataire. L’espérance de rendement de l’obligataire n’est pas colossale, de l’ordre de 3% pour hedgé en €. Enlève l’inflation, les impôts et les frais, il ne reste pas lourd. Il faut donc faire la chasse aux frais et avoir un levier significatif (la dette subit aussi l’inflation !) sans quoi on se retrouve vite avec l’espérance de rendement du cash, mais plus de volatilité.

Avoir une part conséquente du capital en AV (40% voire 50% si les commodities y sont aussi), c’est empiler encore une couche de frais. Cela rabote sérieusement l’espérance de rendement du portefeuille.

Autrement dit, il faut que tu essaies d’évaluer quelle espérance de rendement nette de frais et de taxes tu peux espérer de ce portefeuille diversifié à levier. Cela t’oblige à définir quand tu retires les fonds, vu que l’impôt se règle à la fin. Il se peut que l’option avec des obligations ne soit pas optimale pour ce niveau de risque (avec les outils que tu t’autorises).

Pourtant, si tu évalues que les espérances de rendement nettes de tout sont équivalentes à quelques dixièmes de %, j’aurais tout de même tendance à privilégier l’allocation diversifiée.

Tu peux aussi envisager une combo Actions + Commodities + Cash avec une volatilité similaire à ce que tu cibles. Ce serait une allocation sans levier, mais un poil plus diversifiée qu’un 100% actions. Note : le levier, c’est du cash négatif. Ce serait absurde de garder du cash dans l’allocation avec levier, hormis pour une petite réserve de liquidité rapidement accessible.

Vu ton allocation, tu pourrais aussi envisager en CTO, je crois que Wisdom Tress vient de sortir un ETF à levier 60% World, 40% Global Aggregate avec un levier x1,5. Très efficient, pas de problème de rééquilibrage. Mais la fiscalité est moins bonne que le PEA, donc pas sûr que ce soit gagnant face à un PEA sans levier non plus…

Il s’agit juste de pistes à explorer et je pense que ton approche est saine ! Ton allocation me semble avoir un niveau de risque raisonnable vu ton contexte et elle devrait mieux résister qu’une allocation 100% actions si on se prend un gros bear « classique ».

Pour le moment je n’ai pas complètement craqué le modèle pour évaluer la solution préférable pour chaque profil de l’utilisateur. Il est compliqué celui-là, surtout si on veut répondre aux besoins du citoyen moyen et qu’on s’interdit à aller voir du côté des produits dérivés ! :grin:

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Je viens de voir la taille du pavé et je me dis « heureusement que j’ai schématisé » :sweat_smile:

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Merci pour ces explications Vincent - et hâte de voir la suite de vos contenus sur ce sujet passionnant.

La vidéo de Ben Felix postée par Raphael est très intéressante ; je ne comprends pas tout de l’étude, mais celle-ci semble indiquer qu’à LT la corrélation des obligations avec les actions augmente significativement, impliquant que le portefeuille optimal pour du long-terme n’ait que très peu, voire pas d’'autres classes d’actifs que les actions.

Que penses-tu de cette étude @vincent.p, notamment sur ce point si tu en as un avis ?

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Je n’achète pas l’étude Cederburg.

On sait que les actions ont une espérance de rendement supérieure aux actifs de diversification. Donc sur le long terme, un portefeuille 100% actions est sensé faire mieux qu’un portefeuille avec moins de 100% d’actions. Plus le « long » du long terme est long, plus le « généralement » se met à ressembler à « toujours ».

Autrement dit, ce papier constate que quand c’est sensé rapporter plus, généralement ça rapporte plus. Je ne pense pas que ce soit la plus grande révélation de l’histoire de la finance. :person_shrugging:

Le papier occulte le fait qu’on ne vit pas dans le long terme. Nos projets changent, des tuiles nous forcent à consommer plus tôt que prévu… On veut des portefeuilles diversifiés parce qu’ils ont moins de risque et un meilleur rendement ajusté du risque, pas parce qu’on pense qu’ils auront un meilleur rendement !

On prend des portefeuilles plus diversifiés pour se prémunir contre le risque d’avoir besoin de notre argent avant la retraite. Parce que le chemin compte autant que l’arrivée et qu’on pourrait parfaitement évaluer que le grand voyage qu’on fera à 40 ans a plus de valeur à nos yeux que 30% de pouvoir d’achat en plus à 80.

Par ailleurs, tout le monde n’a pas la résilience pour encaisser 15/20% de volatilité annuelle. Même si l’on peut réduire sa peur du risque en s’éduquant, un abaissement de 50% de son portefeuille peut amener à jeter l’éponge, avec des effets à long terme catastrophiques sur l’Utilité.

En outre, si on veut un portefeuille avec le risque d’un 100% actions, on peut espérer un meilleur rendement avec du levier et d’autres classes d’actif. Sans se vouer totalement à la prime de risque des actions. L’étude m’a parue faiblarde sur ce sujet.

Sur le sujet des allocations dynamiques, où l’on tient compte de l’état du marché pour ajuster son allocation, le papier m’a l’air un peu léger également. Il s’appuie sur le ratio dividendes/prix qui n’est clairement pas celui que j’ai le plus rencontré dans la littérature : les dividendes ne sont pas un très bon prédicteur de l’espérance de rendement total. Cela biaise la comparaison.

Bref, étude intéressante mais pas révolutionnaire ni inattaquable. Le message clé que je retiens est que pour le long terme, nombre d’épargnants ne prennent pas assez de risque.

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Merci pour ta réponse ; en effet, en creusant j’ai trouvé de nombreuses critiques similaires à la tienne.

Cela amène néanmoins à une question bien épineuse : à partir de quel taux d’intérêts la stratégie max Sharpe ratio leveragée pour atteindre le risque du 100% actions, atteint-elle en réalité un Sharpe inférieur à un 100% actions ? C’est d’autant plus difficile à simuler via un backtest que les taux d’intérêt ont fortement évolué au fil des années. En prenant une très grossière moyenne de c.3-4%/an, j’ai néanmoins l’impression que cela finit par être kif kif en termes de sharpe entre le 100% actions et un portefeuille plus diversifié leveragé.

La réponse n’est pas constante dans le temps !

Le premier point, c’est une question de croyance. Penses-tu que l’on peut estimer grossièrement l’espérance de rendement des actifs à long terme ? Peut-on évaluer s’il est probable que les 10 ans à venir sentent plutôt les fleurs des champs ou la fosse à purin ? Cette estimation a-t-elle moins de chances d’être à côté de la plaque de prendre la moyenne historique ?

Si oui (c’est mon cas), alors la conclusion logique est qu’il est raisonnable d’ajuster son exposition au risque dans le temps.

Si en 2025 ton estimation de la prime de risque et du risque des actions et des obligations à 10 ans est faible, alors tu auras un portefeuille avec moins d’actions, voire du cash. Si en 2027 tu penses que l’espérance des actions et obligations est élevée, tu voudras avoir plus d’actions. Si en plus l’espérance de rendement des obligations est élevée, tu en voudras aussi et potentiellement du levier.

Comme on sait que les estimateurs sont imparfaits et que les classes d’actif ont eu tendance à se faire croquer différemment au cours des crises de l’histoire, lorsque tes calculs te disent que c’est kif-kif, il est raisonnable de prendre l’option avec plus de diversification : c’est une forme de protection contre tes erreurs d’appréciation.

Ajoute par là-dessus des considérations de consommation, des revenus escomptés dans le futur, ton immobilier (et sa dette), la fiscalité, les frais, ton spread d’emprunt et tu vas arriver à la conclusion que ton allocation et le taux de levier que tu appliques dessus va varier.

Après, si plein de gens veulent suivre l’étude Cerderburg de faire du full actions, ça me va bien. Ca boostera l’espérance de rendement de mes obligs et ça réduit le risque que l’approche diversifiée ait un rendement ajusté du risque inférieur à celui des actions. :grin:

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Merci pour les réponses !

J’ai regardé la vidéo de Ben Felix, que je sais être un intervenant de qualité, mais dont les vidéos sont parfois difficiles à bien saisir au vue du niveau académique qui y est abordé, avec un vocabulaire anglophone poussé.

De ce que j’ai saisi, de manière un peu simpliste, l’étude nous explique que sur 150 ans, rien ne performe mieux que les actions. Les 150 ans permettent de lisser la volatilité, et les actions étant l’actif avec l’espérance de rendement la plus élevé, et bien c’est le meilleur portefeuille au long terme. Mouais.

Sur le plan des ETF à levier qui y est abordé, la conclusion, il me semble, est : si le levier est cher, n’en faites pas, si il est abordable, faites en un peu, si il est donné, allez y.
Je ne crois pas y voir quelque chose de transcendant.

Mais merci tout de même pour le partage, qui permet de confronter différents points de vue !

Merci beaucoup Vincent pour tes réponses !

Je ne connaissais pas l’ETF Commodities éligible au PEA, je te remercie, au vue de l’importance des frais sur cette classe d’actifs spécifiques, ne pas passer par une AV est en effet très précieux. Si j’implémente une stratégie avec des commodities, je l’utiliserai clairement !

Je suis content de voir que ton raisonnement t’emmène vers la même hésitation que moi, qui est un portefeuille non leveragé avec une grosse part d’action et une allocation diversifiée mais plus complexe !

Le plus gros frein que je ressens de mon côté, est l’exposition aux actions seulement américaines sur la stratégie leveragée. S’il existait un ETFx2 sur du MSCI World, je serai déjà en train d’exécuter le 65/25/10.

Je note la stratégie avec actions + commodities + cash, qui aurait l’avantage de diversifier un peu, tout en remplissant le plus tôt possible mon PEA.
Cependant, est-ce qu’un 80/10/10 aurait une vraie plus value ? Difficile à dire.

A propos des produits dérivés, en dehors du coût d’apprentissage, l’implémentation du stratégie long terme est-elle très chronophage ?
J’avais regardé du côté des box spreads, dont j’avais partiellement saisi le concept. Mais devant l’impossibilité de les utiliser dans un PEA, j’avais rapidement arrêté de m’y intéressé.

J’avais zappé ta réponse !

Oui, c’est limitant. Selon ton taux de levier, tu peux avoir un mélange MSCI USA x 2 + Europe + Japon pour approximer, mais c’est galère.

Il faut compter entre quinze minutes et demi heure tous les trimestres une fois que tu as créé tes outils de suivi. Calculer les paramètres du box spread n’est pas bien difficile, mais si tu veux un très bon taux il faut tester patiemment différents prix. Avoir les outils de suivi qui te permettent de calculer ton taux de levier sur l’ensemble de patrimoine et ton CTO me semble indispensable, mais tu as le sujet dès que tu fais du levier…

Une approche possible, c’est de combiner PEA + CTO à levier. Tu auras essentiellement des bonds sur le CTO jusqu’à ce que ton PEA soit plein. Avec un CTO qui contient surtout de l’obligataire, donc une volatilité limitée, tu peux avoir un taux de levier élevé sur le compte, même s’il reste modéré sur ton patrimoine.

Et rien ne t’empêcherait de combiner du MSCI USA x 2 en PEA et un des EXUS + Bonds en CTO pour avoir du levier et la bonne répartition, même si tu peux avoir des configurations où tu subiras de la friction fiscale pour rééquilibrer. Il faudra d’ailleurs que je teste sérieusement si cette répartition est efficace. :thinking:

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Desolé de remonter un peu dans la conversation, est ce que tu peux preciser ce que tu entends par là ?

Pour clarifier, si l’option avec obligations n’est pas optimale pour ce niveau de risque, celle qui l’est ça serait World+Cash sans levier, ou bien World+CL2+Commo (avec levier modéré et un peu plus de commo par exemple) ?
J’avoue avoir un peu perdu le fil entre les differentes strategies ahah

Pas evident de combiner levier rationnel et uniquement un PEA, même si on se sent l’âme d’un aventurier :sweat_smile:

Pour te montrer les écarts « théoriques », je vais faire 3 simulations en fixant l’aversion au risque à 1, c’est-à-dire qu’on cherche à optimiser le rendement composé. D’ailleurs, c’est truc bon à savoir, ça. Avec gamma = 1 on vise le rendement maximal à long terme. Au-dessous on prend plus de risque mais on perd en espérance à cause du volatility drain.

En pratique, avec un gros capital humain, la volatilité globale de ton patrimoine serait beaucoup plus faible, donc le facteur d’aversion au risque correspondant à ce genre de portefeuille serait plus raisonnable sur le long terme (mais quand même rock & roll, il faudrait se poser des questions de liquidité).

Ton univers d’investissement, ce serait le World, le Global Aggregate et les Commodities.

Si je n’autorise pas le levier, on n’arrive même pas à la cible en volatilité ! Mes hypothèses de marché donneraient :

  • Levier cible : 100%
  • Allocation : 100% actions, 0% commodities, 0% obligs
  • Espérance de rendement réel avant taxes : 3,1%.
  • Volatilité : 14,5%
  • Rendement composé attendu : 2,1%

Avec autorisation de prendre du levier x2, coût du levier de 2,8% (un peu au-dessus des box spreads) :

  • Levier cible : 120%

  • Allocation : 120% actions, 0% commodities, 0% obligs

  • Espérance de rendement réel avant taxes : 3,5%.

  • Volatilité : 17,1%

  • Rendement composé attendu : 2,1%

  • Levier cible : 200%

  • Allocation : 115% actions, 30% commodities, 55% obligs

  • Espérance de rendement réel avant taxes : 3,9%.

  • Volatilité : 17,6%

  • Rendement composé attendu : 2,1%

Et si on interdit les obligs :

  • Levier cible : 165%
  • Allocation : 125% actions, 40% commodities, 0% obligs
  • Espérance de rendement réel avant taxes : 3,9%.
  • Volatilité : 18,1%
  • Rendement composé attendu : 2,2%

Comme tu peux le voir, l’espérance de rendement réel composé (qui est peu ou prou le rendement ajusté du risque avec notre hypothèse de gamma = 1) ne change pas énormément avec ces hypothèses de marché. On est complètement dans les marges d’erreur sur les hypothèses du modèle !

La question est alors de savoir si tu veux aller au plus simple (full World) ou de considérer que quand c’est kif-kif, autant prendre l’option plus diversifiée (mais chiante à implémenter). Sur un petit capital, honnêtement je pense qu’il ne faut pas chercher midi à 14 heures.

Attention, ça c’est en faisant tourner une optimisation Mean Variance avec mes hypothèses de marché, qui ne sont pas outre mesure optimistes et qui dataient d’avant les blagues de Trump.

p.s. : je m’aperçois que tu parlais d’un 85 actions / 15 cash et je te fais un univers d’investissement actions / commodities / bonds. :sweat_smile: J’ai la flemme de refaire ça ce week-end, mais instinctivement ça ne va pas changer radicalement la donne. Sur un capital financier de quelques dizaines de milliers d’€, on reviendra à un choix entre simplicité et « croyance » dans une petite amélioration avec la diversification.

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C’est très clair, merci !

@vincent.p j’ai toujours lu que les ETF levier etait perdant à cause du beta slippage.
Encore plus en periode de turbulence comme actuellement ou ça baisse 1 jour puis ça remonte.

Les comptes sur marges ne sont pas proposé par tous les courtiers.

Après en CTO il y a l’ETF NTSG mais je ne sais pas ce que ca vaut

Le NTSG est très bien géré et pour moi c’est l’ETF « tout en un » parfait en CTO si on ne veut pas trop de volatilité.
Les seuls soucis que j’ai avec cet ETF sont la composante ESG et le fait que la duration des obligations ne va pas assez loin (je crois que c’est 10 ans maximum), mais sinon c’est déjà largement suffisant pour un investisseur passif qui veut prendre du levier sans subir une grande volatilité

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La composante obligataire de NTSG est basée sur des futures sur de la dette d’état US, allemande, japonaise et britannique, de 2 à 30 ans (cf. la page 147 de https://www.wisdomtree.eu/-/media/eu-media-files/documents/1604/wisdomtree-index-methodology-217.pdf?sc_lang=fr-fr, et p.149 pour la liste des 8 futures utilisés)

The Index is comprised of three key components (“Index Components”),
• Equity: The Index invests in a diversified basket of global developed markets large-capitalization companies, to achieve a 90% exposure on Equity.
• Bond: The Index provides synthetic exposure to a basket of global government bond futures contracts with maturities ranging from 2 to 30 years, to achieve a 60% notional exposure on Bonds.
• Cash: The Index has roughly 10% exposure in cash, which serves as collateral for the Bond component of the index. This component also incorporates an overnight USD / EUR/ GBP/ JPY interest rates revenue in the Index calculation, e.g., “total return”.

Si j’ai bien compris, ils panachent l’obligataire entre USD, EUR, GBP et JPY au prorata de la part action, mais sans couverture de change.

Cela m’appelle une question : du point de vue d’un investisseur local, on conseille généralement de ne pas hedger sa part actions, mais de hedger sa part obligations (voir Currency Royale - Hedging Your Bonds (With 2025 Return Expectations) qui détaille très bien la problématique). Mais si je veux faire du levier, dans quelle(s) devise(s) dois-je m’endetter (celle des bonds, celle des actions ou ma devise de consommation) ?

Question subsidiaire : si je prends par exemple une position future sur le MSCI ACWI coté en USD, chez EUREX (https://www.eurex.com/ex-en/markets/idx/msci/regional/MSCI-ACWI-Index-Futures-254296), le coût de financement implicite est-il celui de l’EUR ou celui de l’USD ?

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Le beta slippage est une caractéristique structurelle de n’importe quel portefeuille à taux de levier constant. On peut approximer le rendement composé (géométrique) d’un portefeuille à levier sur plusieurs jours à partir de son rendement moyen sur un jour (rendement arithmétique) :
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L’effet du beta slippage, c’est le terme à droite de l’équation (qui existe même lorsqu’il n’y a pas de dette : le levier est égal à 1). Donc oui, dès qu’on a du levier sur un actif volatil, on va faire moins bien que la performance de l’actif multipliée par le taux de levier. L’effet sera d’autant plus marqué que la volatilité est élevée et les périodes d’ajustement du levier sont courtes.

L’alternative, c’est de prendre un taux de levier flottant, c’est-à-dire un montant de dette qu’on garde constant pendant des périodes plus longues. Lorsque l’actif a des rendements qui ont un tendance à revenir à la moyenne sur la période où l’on ajuste le levier (i.e. après un crash, l’actif a tendance à remonter plus vite), ça peut gommer une partie de cet effet. Mais quand on n’a pas de chance, maintenir une dette constante amplifie les chutes.

Donc les ETF à levier vont entraîner plus des friction due à la volatilité sur de courtes périodes, mais ils t’éviteront de te prendre un appel de marge et à faire tapis parce que tu n’as pas réduit ton levier quand il fallait. En outre, c’est l’une des sources de levier financier les plus accessibles pour les particuliers.

Il ne faut pas non plus oublier que ton portefeuille ne probablement sera pas constitué que d’un seul ETF actions : le taux de levier de ton portefeuille sera inférieur à celui de l’ETF et tu pourras le piloter. Tu collecteras aussi des effets de diversification en rééquilibrant.

C’est aussi un moyen de régler son exposition aux actions totale, tout en gardant de l’argent hors de son PEA. Par exemple si tu veux 100 € d’exposition aux actions, tu pourrais mettre 50 € dans un ETF à levier sur ton PEA et garder 50 € en livret. Cela est moins efficient que de mettre 100 € en actions sans levier dans ton PEA, mais tu auras 50 € de cash sous la main sans avoir à faire un retrait (voire casser) ton PEA.

Donc non, lest ETF à levier c’est pas nécessairement le diable. Cela ne veut pas dire que faire du levier soit adapté pour tout le monde !

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Malheureusement, c’est un peu plus compliqué que ça. Si tu es 90 % actions + 10% d’obligations couvertes en €, soit ~20% d’exposition économique à l’€, tu seras beaucoup plus exposé au risque de change que si tu es à 40% d’actions + 60% d’obligations couvertes (~65% d’exposition à l’€).

Tu ne sens pas qu’il y a potentiellement une gonade dans le potage dans ce conseil ?

Dire qu’il suffit de hedger les obligations n’est pas idiot pour autant, vu que le taux de couverture souhaitable va dépendre de l’horizon de vos projets. Lorsque tu te rapproches de l’horizon de tes projets, la fraction obligataire de ton portefeuille va avoir tendance à augmenter, donc ton taux de couverture aussi… Justement au moment où tu veux assurer une certaine quantité d’€ pour financer ton projet, ce qui serait délicat si tu étais très exposé à la forte volatilité des taux de change.

Il faudra qu’on fasse une leçon sur ce thème bien tordu, mais ça sera dans un bail.
Je m’en réjouis déjà, c’est pas facile la couverture de change ! :sweat_smile:

Cela va dépendre du taux de couverture total que tu veux ! Emprunter dans une devise, c’est réduire l’exposition du portefeuille à cette devise.

Si tu empruntes en € pour investir sur des actions américaines, ton portefeuille est la combinaison :

  • d’une exposition longue aux actions américaines en $
  • d’une position Forex short € / long $ (c’est un carry trade qui rapporte de l’argent si le taux de change reste stable, vu que tu vas toucher des intérêts sur les USD et payer des intérêts pus faibles en €)

Tu pourrais ajouter une couverture de change (hedge) là-dessus pour obtenir la performance des actions US sans impact du taux de change, mais ça te coûterait le différentiel de taux de rémunération entre les deux, c’est-à-dire le carry trade.

Si tu empruntes en USD, tu élimines totalement l’exposition au risque de change, tu captes la différence entre les rendement des actions US et la rémunération des USD. C’est-à-dire que ça revient à emprunter en € avec un hedge, mais sans se compliquer la vie.

Les devises sont volatiles à court terme, donc emprunter en € va avoir tendance à ajouter de la volatilité à l’exposition. Hedger tend à réduire la volatilité à court terme. Historiquement, l’impact de hedger ou pas sur du long terme n’était pas colossal (mais pas négligeable).

Autrement dit : pas de réponse triviale à cette question !

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Tres intéressant merci. Je pense que la periode n’est pas tres approprié pour se lancer dans le levier mais j’envisage un ETF x2 nasdaq pour tester. Il remplacerait mon ETF nasdaq simple. Coté diversification ca va etre compliqué car je suis 100% US et il n’y a que 3 ETFx2 en PEA.

Peut etre le moment de mettre un peu en Europe mais si le bon timing était debut janvier.

Après je reflechis beaucoup mais j’aime pas changer de stratégie