Je n’ai pas encore d’estimateurs très robustes, malheureusement. Je suis parti sur une approche assez conservatrice par rapport à ce que j’ai pu voir dans la littérature. Dans la littérature, il y a un peu de tout. Des estimations de Sharpe Ratio entre 0,4 et 0,6 dans ce papier potentiellement biaisé. Historiquement, le papier assez connu « A century of evidence on Trend-Following » relève un Sharpe de 0,4.
J’ai mélangé les rendements mensuels historiques de l’indice SG CTA et de DBMFSIM sur testfol.io. Ensuite, j’ai ajusté :
- des frais (avec une estimation au pif de celui des composantes de l’indice, qui est un mélange de hedge funds)
- d’un facteur multiplicatif pour coller avec la volatilité cible de DBMF
J’aurais aussi pu partir de ce qu’on peut voir sur les prospectus de dealers de MF qui semblent sérieux, comme AQR et ajouter un coup de shrinkage Bayesien pour pour raboter ce qu’ils annoncent en fonction de notre scepticisme.
Ca m’a sorti une espérance de rendement nette d’inflation de 3,1% pour une volatilité cible de 10%. Autrement dit un Sharpe de l’ordre de 30%. Pas mal, sans être incroyable… Avant taxes et frais. Ces derniers sont conséquents : 0,8% environ. L’espérance de rendement fait tout de suite plus la tronche après ces frictions, je l’estime à 1,3% réels annualisés.
Fun fact : même si les tendances étaient un mirage, ce papier donne des éléments qui laissent penser que cette approche de suivi de tendance (au coeur de la plupart des stratégies Managed Futures) reste intéressante même dans un monde sans tendances : elle ressemble surtout à un shuffle des rendements du sous-jacent. On pourrait partir de ce postulat et utiliser les espérances des positions d’un fonds managed futures (schématiquement un mix long/short d’actions, de produits de taux et de matières premières) et en dériver une espérance de rendement « agnostique ».
C’est cohérent avec l’intuition qu’on peut avoir sur les Managed Futures : lorsque le marché est en tendance, on s’attend à un peu moins bien que le sous-jacent (on monte dans le train en marche, on en redescend trop tard) et à produire des bouses fumantes lorsque le marché oscille (on a la position inverse à ce qui marcherait).
J’ai mesuré les corrélations historiques en base mensuelle à partir de mes indices, puis je les ai décalées vers 1.
Malgré toute cette maltraitance, mon optimiseur calcule que les MF méritent leur place dans mon portefeuille. Mêmes vilaines, elles sont l’espoir d’une diversification intéressante pour les actions.
C’est très artisanal, un statisticien viendrait me mettre un pain avant de faire les choses proprement. Il s’avère qu’on en a un sous le coude désormais, mais il est occupé pour le moment. 
Pour choisir les fonds, j’ai déjà regardé ce qui était disponible (pas lourd) et produit par des gens qui semble sérieux et appliqué une technique secrète de pondération jalousement gardée par les financiers
Des fonds qu’il me semble intéressant d’étudier sur cette classe d’actif :
- DBMFE (ETF UCITS existe aussi en fonds). C’est une déclinaison pour la réglementation européenne du plus gros ETF de managed futures US. J’en détiens.
- CTA (ETF US achetable avec des PUTS - caveat emptor) autre gros fonds. J’en détiens.
- KMLM (Idem) c’est l’un des plus vieux fonds de MF. Ils n’investissent pas en actions, ça laisse penser qu’il sera encore moins corrélé aux actions. Je n’en ai pas car il n’y avait plus de chaîne d’options pour en acheter. Je vais y réfléchir.
- AQR fait un fonds de Managed Futures classique et une variante qui investit dans des marché plus exotiques (genre l’électricité). Egalement disponible dans leur stratégie Apex, qui regroupe tout leur attirail quantitatif. J’en détiens.
- D’autres offres MF mériteraient une due diligence en profondeur. J’ai noté Quantica et Schroder, mais il faudrait encore creuser !
Plus tu mets de fonds de ce type en portefeuille, plus tu auras de frictions en rééquilibrage, mais plus tu devrais avoir une corrélation importante avec les indices SG Trend et SG CTA.
Il faut être conscient que ce style d’investissement n’est pas du tout aussi robuste que la prime de risque des actions (y crois-tu après avoir étudié le sujet ?), qu’il a probablement une capacité limitée (sera-t-elle atteinte ?) et que la dispersion entre gérants est importante (chacun fait une magie noire différente et les fonds qui se plantent sont dissous et se gardent bien de faire parler d’eux).