Pour ce qui est du classement des fonds Euros en monétaire…
Je trouve que le profil de risque des Fonds € est plus proche du monétaire que de l’obligataire.
Notamment, qu’est-ce qui atténue la volatilité par rapport à de l’obligataire, qui n’est pas très risqué à long terme (en nominal) ?
- La mutualisation du risque entre plein d’épargnants avec des horizons d’investissement différents. Si la valeur instantanée de mon sous-jacent part en cacahuète, ce n’est pas grave pour l’assureur car on ne va pas tout lui demander de rembourser demain.
- La mise en réserve forcée d’une partie importante des rendements, que l’on peut redistribuer lorsque le prix des sous-jacents a temporairement baissé (hausse des taux).
- Une protection étatique contre une ruée sur les retraits au travers de la loi Sapin 2. Pas de risque qu’un bank run fasse exploser l’assureur.
- Les assureurs ont un profil de revenus consistant à encaisser régulièrement (dont les frais d’enveloppe des AV), à le placer à une meilleure espérance de rendement, puis ponctuellement à rembourser. Les émetteurs de fonds Euros ont des poches plutôt profondes pour mettre au pot certaines années. Ils jouent avec des statistiques à long terme et ils sont très forts à ce jeu.
Soyons clairs : on a juste l’illusion d’une absence de volatilité sur les fonds Euros. Les sous-jacents sont volatils, on se contente de transformer le risque (modéré) des sous-jacents pour le lisser artificiellement. Mais en pratique, la volatilité du produit final est abaissée à celle du cash.
On ajoute aussi de nouvelles possibilités que ça nous pète à la gueule, mais ça ne me tracasse pas particulièrement. Si on en arrive au point où l’Etat n’est plus capable de repêcher un gros assureur en faillite, c’est qu’on sera probablement au plus profond des égouts depuis un moment.
Les sous-jacents d’un investissement ne déterminent pas totalement ses caractéristiques de risque. La stratégie a un impact important. Par exemple, si l’on fait du suivi de tendance qui utilise uniquement des actions et des obligations, on peut avoir un risque différent à la fois de celui des actions et des obligations, avec des corrélations modérées aux deux classes d’actifs (et des façons différentes de merder) !
Et inversement, qu’est-ce qui ramène la prime de risque proche de celle du monétaire ? Les frais grassouillets de l’assureur, pardi ! Un assureur n’est pas une oeuvre caritative, ils nous font payer pour lisser la volatilité d’un investissement pas très risqué.