Mais pourquoi donc Merton me colle-t-il autant d'actions?

J’ouvre ce sujet en réponse à une remarque de @RogerRabbit, que beaucoup doivent se faire :

Effectivement, quand on lui donne le choix entre les actions et le cash, une allocation de Merton va être fan d’actions. Surtout quand on prend une hypothèse de rendement historique, qui suppose qu’on investit pour le trèèèes long terme (et plus optimiste que ce que nous disent les grandes maisons d’investissement).

Cela donne un portefeuille qui semblera très volatil à beaucoup d’entre vous.

Lorsque nous sortirons une version plus complète de l’allocateur en juin, elle s’accompagnera d’un autre paramètre pour mieux calibrer le risque que l’on tolère sur le portefeuille financier : une estimation de l’abaissement du portefeuille à laquelle on doit s’attendre sur une période (par exemple 10 ans).

Cela vous permettra de décrire plus finement votre aversion au risque. Notre sensibilité au risque peut se voir sous plusieurs angles :

  • Les compromis que l’on accepte de faire sur la consommation que notre patrimoine global pourra soutenir tout au long de notre vie, si on a la possibilité de lisser nos dépenses dans le temps. C’est cette prise de risque qu’on modélise dans Merton Station. Comme on raisonne sur le temps long on peut prendre plus de risque. Le coût de réduire notre consommation pendant quelques années suite à un crash est moindre que l’opportunité de mettre des plaquettes de beurre dans les épinards pendant des décennies.
  • Le risque que l’on peut se permettre de prendre. Si on doit payer les études de louloute dans 5 ans, on doit réduire la volatilité du portefeuille et prendre moins d’actions. Cela réduit fortement la probabilité que ce projet ne puisse pas être financé. Le financement de projets à moyen terme est le principal facteur de réduction du risque pour la citoyenne normale, indépendamment de sa psychologie.
  • Le risque comportemental, c’est-à-dire le niveau de stress que l’on peut encaisser avant de se mettre à faire des conneries. Celui-là s’évalue en regardant uniquement la volatilité du portefeuille financier, pas celle du patrimoine total.

L’allocation de Merton répond surtout au premier point. C’est l’allocation des gens ultra-disciplinés, suffisamment dotés pour qu’aucun de leurs projets ne leur impose de mobiliser l’essentiel de leur pépettes à un instant précis. Ce n’est pas l’allocation que l’état de l’art de la théorie financière (et Cayas) vous recommanderait, même si les principes fondamentaux sont toujours valides.

La prochaine version de l’optimiseur va donc :

  • Introduire un paramètre où vous évaluerez votre tolérance émotionnelle aux pertes (ça réduira sérieusement l’allocation aux actifs risqués pour la majorité d’entre vous)
  • De l’épargne de sûreté pour absorber des imprévus (idem)
  • Tenir compte de votre immobilier, de votre capital humain et de vos droits à la retraite (ça augmentera big time l’allocation aux actifs risqués car la France a un système social protecteur !)

Mais on ne s’arrêtera pas là, à l’automne on ajoutera des éléments importants, tels que :

  • Tenir compte de la proximité de vos projets et plus généralement des périodes de votre vie où vos dépenses dépassent vos revenus (réduira massivement la prise de risque pour ceux qui ont de gros projets, surtout s’ils ne peuvent pas être financés par de la dette)
  • Prendre en compte l’imposition et les enveloppes fiscales (privilégie l’allocation aux actifs risqués, car les taxes s’appliquent aux plus-values nominales, tandis que ce qui nous intéresse c’est le net ajusté du risque).
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Super, merci pour toutes ces précisions, hâte de voir le produit !

Vous avez prévu d’incorporer la crypto dedans ? (ou des actifs custom en rentrant nous-même volatilité + rendement attendu ?)

Oui, tu pourras inclure des actifs custom dès juin !

  • Tu pourras même dire à l’optimiseur si tu le laisses arbitrer ces actifs custom vers d’autres classes d’actif (totalement ou partiellement). Par contre, l’optimiseur ne va pas en racheter plus.
  • Tu pourras indiquer à quelle classe d’actif standard (pour l’instant actions, obligations, monétaire, immobilier) ton actif custom se rattache. Cela permettra de définir à la grosse louche les corrélations avec le reste du portefeuille.
  • Ce sera encore rustique pour modéliser les cryptos. Il faudra qu’on sorte du bois sur le sujet un jour.
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Bonjour à tous,

Question un peu bête mais quand on cherche à définir µ qui est donc l’espérance de rendement de l’actif risqué, est ce qu’on exprime µ brut ou net d’inflation ?

Est ce qu’on considère µ pour un investissement récurent ou en une fois ?

Bonne journée :wink:

Ce qui t’intéresse, c’est le pouvoir d’achat de ton flouze, donc il faut raisonner en rendement net d’inflation (et de taxes, mais ça c’est plus rock & roll à modéliser, même si ça s’approxime). Sans compter que l’inflation, c’est un sujet local : on n’a pas la même inflation dans tous les pays européens.

L’espérance de rendement qu’on utilise, c’est l’espérance de rendement arithmétique, c’est-à-dire le rendement moyen sur un an. Si tu regardes la variation d’un investissement one shot sur une période, tu mesures le rendement géométrique (composé), qui est impacté par le risque réalisé.

L’allocation de Merton tient compte du risque, donc prendre des rendements composés comme estimateur, c’est un peu comme compter deux fois le coût du risque.

Regarder un investissement récurrent, ça n’a rien à voir avec la choucroute, surtout si c’est un investissement récurrent non ajusté de l’inflation ! Tu vas économiser de l’argent au fil du temps, il te faudra bien le placer au fur et à mesure. Tu ne peux pas contrôler la séquence des rendements que tu auras dans le futur, au mieux tu pourras évaluer à quel rendement tu peux t’attendre en moyenne sur une année.

Toutefois, il n’est pas recommandé d’estimer l’espérance de rendement à partir d’une moyenne historique. Entre les années 90 et maintenant, de nombreux marchés ont connu une très grosse progression de leur valorisation. C’est-à-dire que le prix des actions a augmenté plus vite que leur valeur intrinsèque, économique (on peut le mesurer de différentes manières, on retombe sur cette constatation).

Je n’ai pas d’opinion sur le fait que ces valorisations sont excessives ou pas, mais il est plus raisonnable de penser qu’elles ont peu de chances de continuer à augmenter à ce rythme : l’espérance de rendement pour la décennie à venir est probablement plus faible que la moyenne à 40 ans des rendements réalisés. C’est un pronostic partagé par de très nombreux chercheurs et grandes maisons d’investissement.

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Bonjour @vincent.p et merci pour votre réponse.

Je n’avais pas du tout pensé à la fiscalité !

Au sujet de l’espérance, je n’aurai aucun mal à donner du crédit à l’avis de chercheurs car ce n’est pas avec mon pauvre bac en comptabilité que je vais venir challenger leurs recherches :joy:

PS : j’ai supprimé une bonne partie du message car Internet m’a appris que je ne savais pas non plus calculer un rendement réel et que ce n’était pas juste une bête soustraction entre rendement net de fiscalité et inflation :sweat_smile:

Oui, le petit détail qui met le bazard, c’est que tu ne payes (généralement) l’imposition qu’au moment de la vente (CTO) ou du retrait (enveloppes fiscales).

Les impôts ainsi reportés sur les plus-values latentes sont un crédit à taux 0% que nous fait le fisc. C’est de l’argent qu’on ne possède pas mais qui travaille en partie pour nous. Sur un horizon à long terme, ça a un effet appréciable !

Et bien moi je me retrouve avec peu ou prou mon alloc cible actuelle, la bonne 60/40 des familles ou le 100-age approximatif en actions, à quelques pouillèmes près.

joie :sign_of_the_horns:

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Je lui préfère le 120-âge, mais qui est réservé à un profil plus « dynamique » :sweat_smile:

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