Un peu de la même manière que tu arrives à roupiller tout en étant lancé à 130km dans une caisse de métal : progressivement.
Si tu as le permis, la première fois que tu conduis c’est vertigineux. 30km/h t’as l’impression d’être à 150km/h, 1h de conduite c’est super stressant, fatiguant (même si ça peut être également plaisant).
Et puis, le cerveau s’habitue au risque. En vrai, le cerveau s’habitue trop au danger, mais c’est un autre sujet.
Pour l’investissement financier c’est pareil. Au début c’est vertigineux. 1% de baisse dans l’aprem qui suit tes achats, c’est l’enfer. Et puis… Ça devient normal.
J’ai vécu mon premier « krach » avec l’histoire des droits de douane. Je mets ça entre guillemets parce que finalement c’était un krachounet. Mais sauf que quand tu es dedans t’en sais rien du tout. Tout ce que tu vois c’est que le mec à la tête de la première puissance économique mondiale se met à dire et faire ce qui semble être n’importe quoi, avec une impunité totale et une corruption massive. Tu te dis que c’est possiblement tout le château de cartes qui va s’effondrer. Et tous les médias vont s’aligner sur le sujet.
Pourquoi ? C’est très bien expliqué dans « La psychologie de l’argent », mais long story short, c’est un biais cognitif utile à notre survie. Si quelqu’un prédit un danger, on va penser qu’il agit pour notre bien et on va l’écouter. C’est en exploitant cette faiblesse que les vendeurs de formations / produits financiers / etc font leur beurre.
Alors quoi faire ?
Déjà , définir clairement ses convictions. Comprendre un minimum dans quoi tu investis.
Ensuite, définir une stratégie, à froid, et surtout pas pendant un krach.
Pour ça, il faut essayer d’imaginer comment tu vas réagir, et garder de la marge. C’est forcément à la louche, malheureusement, malgré toutes les simulations / mises en situation que tu pourras faire.
Normalement si tu as bétonné tout ça, quand un krach arrivera, ça sera inconfortable (en vrai, probablement beaucoup plus inconfortable que prévu), mais tu auras une conviction suffisamment forte pour ne pas dévier de ton plan.
Et puis le krach passera, et tu auras engrangé cette expérience, cette habitude de la volatilité, des récits, etc.
Alors ça sera plus facile la fois d’après.
Un truc maison qui m’aide pas mal (j’ai hésité à faire un post à ce sujet), c’est de me calculer une VaR custom qui se base sur l’ATH de mes actifs.
Je définis un max drawdown (M) par actif, et j’applique un pourcentage réaliste (R), qui me semble être un scenario catastrophe plausible en mode qui dure quelques temps.
Je prends l’ATH (A) de chaque actif, et je me calcule un « prix en cas de période pourrie » (P), tel que : P = A * (1 - M * R).
Par exemple, j’ai pris 55% de max drawdown pour le MSCI World, et l’ATH du CW8 est 596€, avec un pourcentage réaliste « qui dure » de 50% (ma conviction), alors j’ai : 596 * (1 - 55/100 * 50/100) = 432.10€.
J’applique ça dans mes calculs partout dans mon fichier excel (j’ai un total normal et un total « scenario catastrophe »).
L’idée derrière ça, c’est d’avoir un chiffre « plancher » que je donne à mon cerveau et qui ne change pas quand le prix des actifs descend (dans la limite prédéfinie bien entendu).
Techniquement, mon patrimoine financier peut descendre en-dessous de ce montant « worst case scenario », mais je pars du principe que c’est extrêmement peu probable que ça reste en-dessous à long terme (d’autant que je fais tout descendre en même temps dans ma simulation, alors que la corrélation sera plus faible dans la vraie vie)
Donc je me dis « j’ai au moins ça », l’autre chiffre (total à l’instant T) étant une belle surprise le cas échéant.