Trade Republic veut démocratiser le Private Equity "sans charge", des avis?

TR qui démocratise le PE “sans charge” et avec une liquidité mensuelle interne. Vous en pensez quoi ?

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J’ai pas encore étudié la chose dans le détail, mais il y a beaucoup de red flags :grin:

Je me méfierais et prendrais le temps avant de me lancer.

Instinctivement, ça me semble être un nouveau produit à forte marge, conçu pour rentabiliser une audience construite sur une activité à faible marge.

Première question que je me pose : pourquoi ces deals de private equity arrivent au retail ?

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Un autre éléments de réponse :grinning_face_with_smiling_eyes:

(@pierrobrother, j’ai transformé la question en thread, ça le mérite largement !)

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Cela semble parler du private equity orienté start up / VC (qui à la côte ces dernières années avec les clubs, crowdfunding etc etc.) , qu’en est il par exemple d’autres types du private equity e.g. infrastructures ?

Le PE est une classe d’actif un peu opaque, ça mériterait un podcast de Cayas ? :grin:

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Autant j’aime bien cette ambition de vouloir démocratiser l’investissement, autant je trouve l’approche fallacieuse.

« Le PE rapporte 12% par an, en étant moins volatil et sert à stabiliser un portfolio » :thinking::thinking::thinking:

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Christian Hecker utilise exactement le même wording et les mêmes intonations que DiCaprio dans le Loup de Wall Street ou que Giovanni Ribisi dans Boiler Room, c’est hallucinant :sweat_smile:

L’arguement du moins volatil est tellement risible, si un banquier l’utilise devant moi, il perd des points de vie. Bah oui si tu fais un arrêté tous les trimestres, tu ne risques pas d’avoir une volatilité daily comme du listé.

Le PE est nécessairement plus risqué, pour moi c’est plutôt comparable à de l’investiment SMID. Comme la dette privée ressemble à du corporate high yield.

Toute la difficulté du PE “démocratisé”, c’est de faire le tri, aucun investisseur particulier n’a les compétences pour faire une Due-Dil et on te vend littéralement des fonds parce que l’équipe ou le fond ont eu un bon track record dans le passé, or “les performances passées ne préjugent pas des performances futures”, donc on s’accroche à quelques marques aux noms ronflants.

Même en m’étant pas mal intéressé au sujet ces derniers mois, j’estime ne pas encore avoir suffisamment de know-how pour réellement essayer (enfin je mens, j’ai pris un engagement récemment sur un ticket mais sur une micro portion de mon portefeuille financier, je vous tiendrais au courant si vous êtes curieux).

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Je m’autoréponds en compléments.

Pour la petite anecdote, j’ai un peu investigué le M&A (dans les deux sens) depuis 18 mois, quand tu discutes avec les banquiers M&A, ils te disent : le marché n’est pas très porteur (sauf dans une moindre mesure LBO / dette car le risque pèse surtout sur les entrepreneurs), les fonds ont plus besoins de vendre que d’acheter, les multiples ont pris un sacré de rabot (dans mon industrie, on voyait des 12-15 x l’EBITDA, plus cher que du côté), ils ont vus pas mal d’opérations qui ont été reportées / annulées car les fonds ne trouvaient d’offre satisfaisante (sous entendu actifs achetés trop cher), et je leur ai demandé si eux invesitssaient en PE, ils m’ont dit non.

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Merci @Zootime ça me permet de rebondir :

On est bien d’accord que cet argument sur la stabilité du PE est faux ? J’ai pas assez dig le sujet, mais mon bon sens de paysan (ou mon sens de bon paysan, à voir) me dit que c’est fallacieux. Après si les vendeurs parlent de LBO / Infrastructure / Private Debt là j’y connais vraiment rien.

Yes avec plaisir, le retour d’expérience a toujours beaucoup de valeur !

Tiens tiens tiens @Nicolas, ça ne te dit pas quelque chose ? :grin:

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Je sais que ça va intéresser @Nicolas

Les frais :

  • auquel il faudra rajouter les frais d’enveloppe (AV “conseillée” à 0.8% dans mon cas - pour l’anecdote la gestion libre est plus chère que la “conseillée” :sweat_smile: )
  • ceux des fonds sous-jacents, voir plus bas, ça commence à faire pas mal.

Les fonds investis lors du premier appel, à priori des fonds avec des bonnes réputations, je connaissais Advent, KKR et PAI de réputation, c’est ce qui m’a convaincu.

C’est tout le problème de PE, soit tu te prends en AV car seule enveloppe capitalisante PE compatible, sinon tu te prends un gros PFU à la sortie (je n’ai pas modélisé mais en y réfléchissant, pas sûr que le CTO ne soit pas plus adapté - mais ça n’empéchera pas ta banque de mettre des “droits de garde” dessus, c’est évidemment pas des trucs ouverts que tu peux acheter pour juste le prix du trade sur IBKR).
Je suis sûr que l’un de vous va me montrer par A+B comment les frais vont tout bouffer. :laughing:

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Bonjour à tous

Très sceptique vis à vis de cette “démocratisation” du PE.

J’ai comme l’impression de lire le récit des subprimes appliqué au PE. Tant que l’environnement est favorable, les baleines se gavent. Dès que l’environnement se dégrade, on explique au petit poisson que cette classe d’actif géniale va enfin pouvoir s’offrir à lui et qu’il pourra en tirer des multiples de folie.

Autrement dit maintenant que le caviar commence à manquer au buffet et qu’on frôle l’indigestion, on a tout intérêt à expliquer au petit poisson qu’il va pouvoir se régaler avec des oeufs de lump qu’on prendra soin de lui vendre nous même évidemment.

J’avais d’ailleurs étudié les fonds PE du contrat Linxea Spirit 2 vantés par tous les influenceurs du YouTube game et quel ne fut pas ma surprise en constatant que la majorité sont des fonds de fonds. On vous vend du neuf pour acheter de l’occasion et en prime on vous facture doublement la prestation puisque vous payez les frais du véhicule neuf et celui du véhicule d’occasion (sans compter ceux pris par l’assureur au passage)

Bref en investissement comme ailleurs il est rarement recommandé de vivre au dessus de ses moyens c’est pourquoi je laisse bien volontier ma place à ceux qui ont l’opportunité de rentrer en direct plutôt qu’au travers d’une couche d’intermédiaire toujours plus grande.

Bonne journée :wink:

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et quand ton chauffeur Uber te parles de PE tu fuis… :roll_eyes:

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Attends, si je résume, tu as :

  • ~0,2% de droits d’entrée (en lissant sur ~10 ans)
  • 1% de frais du fonds de fonds
  • O,8% d’AV
  • ~1,5% de frais des fonds
  • Plus la surperformance de 20% après un hurdle de 8 ? (je suppose que c’est ce que raconte la double astérisque)

Soit 3,5% de frais hors surperformance. Avant impôts et inflation. :sweat_smile:
La prime d’illiquidité a intérêt à être sacrément bonne, parce que ça bouffe déjà l’essentiel de la prime de risque actions (le PE, ça reste des actions d’entreprises qui évoluent sur la même planète que les autres).

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C’est bien ça :melting_face:

Oui c’est ce que je disais plus haut en l’assimilant à du Small & Mid, après l’objectif étant de faire une meilleur perf que de l’ETF large cap, mais c’est sûr qu’avec un tel niveau de frais, la marge de surperformance possible n’est pas exceptionnelle, ceci dit j’avais un peu benchmarké les offres de PE à l’époque (Moonfare…), c’était plutôt dans la fourchette basse.

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J’avais envoyé cette réponse à deux autres acteurs qui veulent « démocratiser le private equity » et qui mettaient en avant des objectifs de rendements de 14,2% net de frais sur Legend et La Martingale.

En réalité, il s’agit des performances des fonds top quartile (les 25 % meilleurs), et non de la médiane de l’industrie. Or il est impossible de prédire à l’avance quels fonds finiront dans ce quartile.
C’est comme annoncer le rendement passé de la Bourse en ne prenant que les Magnificent 7 : sans intérêt.

L’AMF rappelle d’ailleurs que :

« (…) les performances des fonds d’actifs financiers non cotés destinés à des clients particuliers ne peuvent pas être assimilées par défaut à l’historique des performances des fonds professionnels dont les caractéristiques sont différentes. »

Non seulement XXX affiche les résultats de fonds réservés aux pros (frais et conditions sans commune mesure), mais en plus, ils les biaisent encore en ne prenant que les meilleurs !

Aussi, il y a deux raisons de douter de la viabilité future du capital-risque en tant que source de surperformance :

  • les frais absurdement élevés et souvent cachés car aussi facturés aux entreprises du portefeuille et pas que aux investisseurs.
  • la compétition croissante dans ce domaine et la diminution progressive du stock d’entreprises à haut potentiel de rendement.

Au-delà, les études d’Oxford et Harvard montrent que les rendements réels du private equity sont équivalents à ceux du marché actions depuis 2006. Et les particuliers, qui n’ont jamais accès aux mêmes conditions que les pros, sont en réalité en sous-performance.


Les fonds de PE peuvent facturer aux entreprises de leur portefeuille :

  • Management fees
  • Transaction fees
  • Monitoring fees
  • Board fees
  • Divers type d’autres fees.

« In private equity, General Partners (GPs) receive fee payments from companies whose boards they control. Fees amount to $20 billion evenly distributed over time, representing over 6% of equity invested by GPs. »

Un papier intéressant à ce sujet : Private equity portfolio company fees → Private equity portfolio company fees - ScienceDirect


Quelques données de l’AMF sur la performande des fonds d’actifs financiers non côtés destinés à des clients non-professionnels :

  • Les TRI médians des FIP : -2,4 %
  • Les TRI médians des FCPI : -1,1 %
  • Les FCPR Evergreen : 5 % (mais avec très peu d’historique)

Les frais moyens sont colossaux :

  • FIP : 3,5 %/an
  • FCPI : 3,2 %/an
  • Autres fonds grand public : 2,4 % à 2,7 %/an
    Et encore, sans compter les frais de distribution (ex. assurance-vie) qui alourdissent la facture.

Étude AMF : Publication de la première étude sur la performance des fonds d’actifs financiers non cotés destinés à des clients non-professionnels


Une autre excellente source sur la classe d’actif provenant de Reddit :
Private equity : mais pourquoi tout le monde veut absolument nous en vendre ?

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À propos de la décorrélation / volatilité plus faible du PE :

Enfin, l’argument du private equity comme classe d’actif qui réagit le mieux en contexte incertain est fallacieux. Il a une volatilité affichée moindre car il n’est pas liquide. Il n’y a pas de transaction et ce sont les fonds qui décident de la valo de leurs participations… C’est du blanchiment de volatilité.

Une bonne vidéo à ce sujet :

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Personnellement je hais le PE, pour des raisons très rationnelles (couches de frais, illiquidité et opacité, surplus de performance non prouvé, bulle actuelle sur la classe d’actifs…) mais aussi un peu irrationnelles (l’ethos d’une profession dont une grande part a pour unique valeur l’argent, et aime le faire savoir).

Ce qui est certain c’est que le PE rapporte gros pour ses praticiens.

Sur le fond je recommande deux sources :

1/ tous les travaux de Ludovic Phalippou. On ne fera pas mieux sur le sujet je pense. Cette vidéo pose bien le sujet

2/ Le point de vue plus orthodoxe de Cliff Asness, sur son blog ou dans ses tweets, avec le concept très parlant de « volatility laundering ». Pour avoir assisté à quelques comités d’investissements côté LPs, je peux vous assurer que la différence entre liquidité et volatilité n’est pas assimilée par tout le monde…

Hâte de lire le point de vue de Cayas sur la question !

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Merci pour les sources @LeBob ! Ludovic Phalippou est également cité dans un billet très récent (4 septembre) du blog de Philippe Maupas sur le PE :

Dans la ruée vers le pseudo-or des actifs privés, vous n’êtes pas obligé de croire aux contes de fées des producteurs et des vendeurs de produits. Découvrez des gens de confiance dans ma dernière chronique

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Si on préfère l’écrit, trois article de Ludovic Phalippou qui résume bien la situation : https://blogs.cfainstitute.org/investor/author/ludovicphalippou/

Il est aussi actif sur linkedin !

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Merci. Je rejoins le fond et le ton de l’article, c’est révoltant.

On pourrait se consoler en se disant que les premiers lésés sont les plus fortunés : mais non, car de nombreux institutionnels ont accru leur exposition depuis de nombreuses années, et je ne connais pas de fond euro qui n’y soit pas exposé.

Et pendant ce temps, notre législateur :

  • impose aux particuliers sous gestion pilotée d’investir une part minimum en non coté (PER et AV - loi industrie verte)
  • s’interroge sur les soutiens à apporter à la retailisation du capital investissement (je vous laisse bien entendu découvrir l’auteur de ce beau rapport)

Bref on est pas sortis de l’auberge.

Paradoxalement, la défense de l’intérêt général est bien plus présent sur ce forum qu’à l’AN…

Voilà pour ce coup de gueule du lundi :sweat_smile:

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